Alors que la campagne électorale municipale bat son plein, une cinquantaine de personnes ont manifesté samedi dans les rues du quartier Milton-Parc, à Montréal. Résidants et commerçants ont défilé pour réclamer la mise en place de mesures pour lutter contre la criminalité croissante dans le secteur, mais aussi pour venir en aide aux personnes itinérantes qui s’y trouvent en plus grand nombre.

Malgré la pluie battante et le froid de l’automne, les manifestants ont défilé au son des cuillères frappant des casseroles, tout en brandissant des pancartes réclamant la revitalisation de leur quartier.

« Ce qu’on veut, c’est des services pour les sans-abri, pour qu’ils ne soient plus dans la rue. Parce que dans la rue, on est en train de les laisser mourir à petit feu », déclare Martine Michaud, membre du Collectif des résident.es de Milton-Parc, le regroupement qui a organisé la manifestation.

La femme vêtue d’un imperméable bleu, empoignant un porte-voix, invite les manifestants à poursuivre leur chemin énergiquement, à l’angle de l’avenue du Parc et de la rue Sherbrooke. Il s’agit d’une partie de son quartier qu’elle qualifie de « sinistrée ».

« On veut que le quartier redevienne un quartier vivable, avec la qualité de vie que l’on connaissait », dit-elle.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

La manifestation était organisée par le Collectif des résident.es de Milton-Parc.

« Maintenant, c’est quasiment un marché à ciel ouvert de drogue et de prostitution », affirme Michael Ghannoum, en décrivant le secteur de Milton-Parc, où il a grandi et où se trouve son commerce.

M. Ghannoum est représentant de l’Association des commerçants et des marchands de l’avenue du Parc. L’organisation souhaite dénoncer « l’inaction du gouvernement », explique-t-il à La Presse. L’homme travaille depuis son plus jeune âge dans la boutique de sa famille, Empire Papier Peint.

Au cours des quatre dernières années, la rue a complètement changé en termes de sécurité, de saleté [dans la rue] et d’itinérance.

Michael Ghannoum, représentant de l’Association des commerçants et des marchands de l’avenue du Parc

Depuis le début de la pandémie, il a perçu une forte augmentation du nombre de personnes sans-abri. Certes, il reconnaît qu’il y en a toujours eu dans le quartier. « Par contre, on n’a jamais vu autant d’abus de ces gens-là. Ce que je veux dire par abus, c’est que des groupes criminalisés se sont installés, [comme] des loups », raconte M. Ghannoum.

« La solution que la Ville et les organisations à but non lucratif nous ont amenée, c’est d’avoir un refuge directement au coin de la rue » pour accueillir les personnes itinérantes, The Open Door, ou La Porte Ouverte, dit le commerçant. Toutefois, le nombre de places y est insuffisant pour répondre à la demande, notamment parce que la pandémie de COVID-19 limite le nombre de personnes que le refuge peut accueillir.

« Merci beaucoup d’avoir ouvert 20 lits pour le monde, mais il y a 200 personnes maintenant dans la rue », lance-t-il.

Campements de fortune

Une ruelle située à proximité de la rue Milton, non loin de son commerce, pose particulièrement problème dans le quartier. L’homme y conduit La Presse. Des campements de fortune insalubres s’y trouvent, parfois juste devant des immeubles résidentiels.

« C’est l’allée de tout, tout se passe ici », lance Michael Ghannoum. « Je m’en souviens encore. J’avais 17 ans, j’ai trouvé un gars mort ici. Il était soûl, gelé, il faisait froid », relate-t-il. Pour le commerçant, il est urgent que des actions concrètes soient mises en place afin de venir en aide à ces personnes, pour leur trouver un toit, mais aussi leur offrir du soutien psychologique.

« Ce qu’on veut, c’est que la Ville, la province, le fédéral prennent en charge l’itinérance », lance une manifestante, Diane, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. Elle réside dans le secteur de Milton-Parc depuis 1989. « C’est d’une tristesse de voir ces gens-là », dit-elle.

1500 logements sociaux réclamés dans Ahuntsic-Cartierville

Parallèlement à la manifestation dans le quartier Milton-Parc, des organismes communautaires de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville ont tenu un point de presse pour réclamer la création de 1500 logements coopératifs et sans but lucratif.

Le Comité logement Ahuntsic-Cartierville, le Conseil local des intervenants communautaires de Bordeaux-Cartierville, l’ACEF du Nord de Montréal et Solidarité Ahuntsic se sont réunis pour demander « aux candidats aux élections municipales de s’engager à appuyer leurs projets auprès de Québec ». Ils demandent aussi la protection du site Louvain Est de la spéculation immobilière.

Différentes activités ont été organisées par les organismes à l’intention des résidants du secteur samedi après-midi.