En cas de victoire, Denis Coderre conserverait la grande piste cyclable inaugurée l’été dernier sur la rue Saint-Denis, mais réduirait celle de la rue de Bellechasse.

Il en a fait l’annonce mercredi, au cours d’une conférence de presse tenue dans Rosemont, devant la fameuse « autoroute à vélos ».

« On en fait un engagement ferme », a dit Denis Coderre, flanqué de ses candidats locaux. « C’est un enjeu important de qualité de vie pour les gens. Il y a des adeptes de vélo et j’en suis un. Mais il faut de la cohabitation. »

Le candidat à la mairie de Montréal a fait valoir que le démantèlement du Réseau express vélo (REV) sur la rue Saint-Denis coûterait des millions de dollars, une dépense exagérée à son avis. La piste devra toutefois être « fortement sécurisée » pour les cyclistes et les piétons, a-t-il dit.

Quant au REV Bellechasse, sa moitié dans l’est de l’arrondissement serait réduite de moitié, ce qui permettrait le retour de centaines de places de stationnement. La voie restante, possiblement à partir de la 1re avenue, deviendrait bidirectionnelle.

En ce moment, « ça n’a pas d’allure », a dit M. Coderre. « Ça n’a pas de bon sens. Les riverains ont aussi le droit d’avoir du stationnement. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le Réseau express vélo (REV) Bellechasse

Projet Montréal défend son projet

François Limoges, candidat de Projet Montréal à la mairie d’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, n’a pas perdu de temps pour accuser Denis Coderre de mettre les cyclistes montréalais en danger.

« Il est prêt à sacrifier la sécurité des Montréalais(es), des Rosemontois(es) pour faire des gains électoraux. Ce réseau-là sauve des vies. C’est un réseau structurant, qui est utilisé », a dit l’élu. « C’est un réseau qui permet de se déplacer de manière sécuritaire, il est là pour rester. »

M. Limoges a même évoqué l’idée d’installer une infrastructure plus permanente sur le REV Bellechasse, comme des bordures de béton, pour séparer voitures et vélos.

L’élu a été interrogé sur l’impact de cette piste cyclables sur les commerces du quartier. Il a souligné qu’en présence d’une pandémie mondiale et d’une crise du commerce de détail, il serait difficile de blâmer le REV pour des fermetures de commerce.

C’est pourtant l’avis de Giovanni Di Fruscia, propriétaire de la cordonnerie qui porte le nom de sa famille depuis trois générations près de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Devant son commerce fermé et mis en vente sur la rue de Bellechasse, l’homme a expliqué que son chiffre d’affaires s’était effondré après l’inauguration du REV.

« Il n’y a plus d’autos qui passent ici. Notre rue est morte », a-t-il dénoncé. « Ça fait mal, après 65 ans », a-t-il continué, montrant ses mains usées par le travail du cuir.

Le cordonnier rapporte que des personnes âgées l’ont appelé pour lui expliquer que l’absence de stationnement les empêchaient de fréquenter son commerce. « Ils ont enlevé 800 places de stationnement sur la rue ici », a déploré M. Di Fruscia.