L’administration Plante injectera une somme supplémentaire de 5,5 millions destinée à la police de Montréal pour lutter contre la flambée de violence. Deux fusillades sont d’ailleurs survenues en l’espace de quelques heures ce week-end, dans la métropole.

« Vous allez nous trouver sur votre chemin », a tonné la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en point de presse dimanche, lors de l’annonce. Le message était destiné aux membres de groupes criminels qui sévissent dans les rues de Montréal et s’affrontent à coups de projectiles.

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La mairesse de Montréal, Valérie Plante, en point de presse, dimanche

La somme annoncée permettra de bonifier les effectifs déjà présents sur le terrain. En tout, 42 policiers et civils se joindront au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) en renfort aux équipes d’enquête et de lutte contre les gangs de rue.

Depuis le début de l’année, nous avons intensifié notre soutien envers le SPVM et nous allons continuer en ce sens afin d’enrayer cette violence le plus rapidement possible. Ma priorité numéro un est de maintenir le statut sécuritaire de notre métropole.

Valérie Plante

L’unité ÉCLIPSE embauchera 28 nouvelles ressources qui travailleront principalement à la cueillette de renseignements sur les groupes criminels.

La somme permettra l’ajout de 14 ressources au total pour venir en renfort aux équipes d’enquête du SPVM et les soutenir.

« Ce renfort d’effectifs additionnels nous permettra de bonifier nos interventions à deux niveaux : la présence policière active en uniforme et le soutien spécialisé en enquêtes criminelles », a ajouté Sylvain Caron, directeur du SPVM.

Les embauches annoncées dimanche font partie du « plan de match » présenté par le SPVM à l’administration Plante et sont en lien avec la flambée de violence par armes à feu dans la métropole.

Pas d’effet immédiat

On ne parle pas d’une solution à court terme, puisque le processus d’embauche et de formation n’est pas immédiat. Ces nouveaux effectifs ne se retrouveront sur le terrain qu’à partir de décembre.

Le phénomène de banalisation des armes est extrêmement préoccupant, admet le directeur du SPVM. Il parle également « d’une hausse atypique » des évènements impliquant des armes à feu à Montréal.

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Sylvain Caron, directeur du SPVM

Ottawa devrait-il revoir le Code criminel pour rendre plus sévères les peines sur les armes à feu au Canada ? « Je pense que oui, il y a lieu de revoir la législation. Pour une raison que j’ignore, des jeunes de 17, 18, 19 ans se procurent des armes. »

La mairesse de Montréal a lancé un appel au gouvernement fédéral à se prononcer clairement sur les armes de poing. Elle a sévèrement jugé le silence d’Ottawa sur la sécurité publique dans les villes. « Je demande à Ottawa : quelle est la vision de la sécurité publique et comment vont-ils soutenir les communautés ? »

« Le gouvernement fédéral doit agir. On a beau avoir des policiers dans nos rues, si les armes rentrent au pays, et facilement, c’est comme un cercle vicieux », a déclaré Mme Plante.

Deux évènements rapprochés impliquant des armes à feu

Les deux évènements distincts impliquant des armes à feu survenus dans la métropole en l’espace de quelques heures ont de quoi inquiéter le voisinage. L’échange de coups de feu dans le secteur de Saint-Michel a fait un blessé samedi vers 23 h. L’homme de 18 ans a été localisé par les policiers à l’intersection de la rue Émile-Journault et de la 2e Avenue.

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L’intersection de la rue Émile-Journault et de la 2e Avenue, où la victime de 18 ans a été localisée.

On ne craint pas pour sa vie et il a refusé de collaborer avec les enquêteurs.

Plusieurs suspects ont été arrêtés en lien avec cette fusillade. Des témoins ont aperçu au moins trois véhicules quitter la scène du crime. L’un d’eux a été intercepté par les agents du SPVM sur la 9Avenue. Une arme à feu se trouvant à l’intérieur de la voiture a été saisie.

Deux autres véhicules ont été localisés grâce à des informations fournies par le public. Au total, six suspects âgés de 19 à 41 ans ont été arrêtés à l’intersection Saint-Michel et Jean-Talon.

Les enquêteurs, le maître-chien et les techniciens en identité judiciaire étaient toujours au travail dimanche matin dans les trois périmètres mis en place pour tenter de comprendre les circonstances de cet évènement.

D’autres tirs ont retenti dans le secteur de Lachine vers 3 h 30. On ne déplore pas de victime ni de suspect. Des impacts de balles ont été relevés sur un immeuble à l’angle des rues Camille et Ouellette. Le SPVM a également retrouvé plusieurs douilles au sol.

Il s’agit des 13e et 14e fusillades sur le territoire du SPVM au mois d’août seulement.

« Une annonce électoraliste », accuse l’opposition

L’annonce de dimanche vient trop tard, selon l’équipe Coderre.

« Cette annonce n’aura aucune incidence avant 2022. Les gens ne se sentent pas en sécurité en ce moment », a signalé Abdelhaq Sari, porte-parole en matière de sécurité pour Ensemble Montréal.

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Abdelhaq Sari, porte-parole en matière de sécurité pour Ensemble Montréal, et Karine Boivin Roy, leader de l’opposition officielle

« Montréal doit demeurer une ville sécuritaire. Ça nous distingue des autres grandes métropoles. La mairesse Plante n’a pas le leadership ni la vision pour y remédier. C’est une annonce électoraliste qu’on a eue aujourd’hui », a renchéri Karine Boivin Roy, leader de l’opposition officielle.

Selon M. Sari, le budget du SPVM a effectivement diminué sous l’ancien maire Denis Coderre, mais pas le nombre d’effectifs.

Rappelons que le SPVM avait annoncé l’hiver dernier la création d’ELTA, une équipe vouée à la lutte contre les armes à feu. Depuis sa création, elle a effectué 19 perquisitions et procédé à 17 arrestations. On recense 350 armes saisies depuis janvier, dans 27 opérations.