La proposition de CDPQ Infra de construire un court tunnel sous le centre-ville pour le Réseau express métropolitain (REM) de l’Est a été assez bien accueillie, mais « plusieurs éléments causent toujours d’importants problèmes » dans la portion est du tracé, et un élu remet même en question son appui au projet, révèle un nouveau document confidentiel.

Jeudi, La Presse a révélé que CDPQ Infra, le promoteur de ce train automatisé de 10 milliards de dollars, avait présenté un nouveau scénario « alternatif » d’insertion au centre-ville, comprenant un tunnel de 500 mètres sous le boulevard René-Lévesque, ainsi qu’une ou deux stations et une arrière-gare souterraines. La mairesse Valérie Plante s’est réjouie de voir cette nouvelle proposition « sur la table ».

Or, l’essentiel du « projet de référence » de CDPQ Infra reste inchangé à ce stade-ci. Le REM de l’Est prévoit 25 kilomètres de rails aériens vers la pointe est de l’île, qui parcourront entre autres les rues Notre-Dame et Sherbrooke Est, et un tunnel de 7 kilomètres à Montréal-Nord.

La Presse a obtenu une lettre envoyée jeudi par le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, à Maud Cohen, la présidente du comité d’experts sur l’architecture et l’intégration urbaine du REM de l’Est. Cet arrondissement doit accueillir 8 des 23 stations du futur réseau.

Dans sa missive, M. Lessard-Blais souligne que « plusieurs questions demeurent sans réponse », malgré toutes les rencontres tenues ces dernières semaines avec les représentants de CDPQ Infra. Il invite les 15 membres du comité d’experts à se rendre sur le terrain pour répondre aux craintes des résidants de l’Est, qui « s’inquiètent que le projet contribue davantage à les enclaver et à générer des nuisances qu’à revitaliser leur quartier ».

« Nous souhaitons obtenir ces éclaircissements et obtenir les réponses à nos questions, car il serait irresponsable de notre part de soutenir publiquement un projet qui transformera drastiquement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve sans éclaircir plusieurs éléments toujours nébuleux », écrit le maire de cet arrondissement qui compte 140 000 habitants.

Où sont les études ?

Pierre Lessard-Blais s’interroge notamment sur le choix de construire des structures en hauteur sur la majeure partie du tracé. « Il s’agit de la principale source d’inquiétude quant aux nuisances que générera le projet, tant en ce qui concerne la structure et son effet sur l’environnement urbain qu’en ce qui a trait à l’opération des trains, qui circuleront à hauteur des fenêtres de nos citoyens en continu », écrit-il.

M. Lessard-Blais se demande pourquoi le comité d’experts nommé par Québec pour étudier le REM de l’Est n’a pu se prononcer sur la possibilité d’un tracé souterrain ou en surface. Il souligne aussi avoir demandé à voir « les études et les scénarios étudiés » qui ont amené CDPQ Infra à opter pour des structures en hauteur. « Nous n’avons rien reçu pour le moment. »

Le maire estime que le REM de l’Est n’entraînera « pas d’augmentation réelle de la desserte » et qu’une « grande part des citoyens de [Mercier–Hochelaga-Maisonneuve] ne vivront que les inconvénients de ce projet, sans pouvoir en tirer les bénéfices ».

Il déplore par ailleurs une série d’impacts sonores et visuels sur les résidants du secteur, dont le passage du REM de l’Est dans le parc Morgan, un lieu patrimonial.

La lettre obtenue par La Presse a aussi été envoyée à une série d’élus de la Ville de Montréal et du gouvernement Legault. Il n’a pas été possible de parler à Maud Cohen jeudi soir.

Le premier ministre, qui a mandaté CDPQ Infra pour réaliser cette deuxième phase du Réseau express métropolitain, a dit souhaiter attendre les conclusions du comité d’experts avant de se prononcer sur le tronçon souterrain de 500 mètres proposé au centre-ville. « Mais pour l’instant, il n’est pas prévu de modifier l’essentiel du projet. »

Avec Tommy Chouinard et Isabelle Ducas, La Presse