Will Prosper a-t-il commis des « erreurs irréparables » ou a-t-il droit à une « deuxième chance » ? La Presse s’est rendue dans Montréal-Nord, quartier où se présente le candidat de Valérie Plante éclaboussé par une controverse entourant les circonstances de sa démission de la Gendarmerie royale du Canada, en 2003, afin de savoir ce que les résidants en pensent.

Rencontrée vendredi au parc Saint-Laurent, Thérèse Bolduc reprend les mots de la mairesse. « On lui donne une deuxième chance », lance-t-elle. « Ça fait longtemps que ça s’est passé et ça n’a pas fait de dommages. Oubliez ça », ajoute la résidante du quartier, assise à l’ombre sous les grands arbres.

Tout près de là, un autre résidant du quartier, Miho Kutic, se rappelle avoir été l’entraîneur de soccer de Will Prosper, lorsque ce dernier était enfant. Il souligne que les évènements en question se sont produits il y a longtemps. « La mairesse le soutient », fait-il valoir. M. Kutic ajoute qu’il a l’avenir de Montréal-Nord à cœur. « C’est ma maison, je n’ai jamais pensé aller ailleurs », lance-t-il en se frappant la poitrine.

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Miho Kutik

Jeudi, la mairesse sortante Valérie Plante a annoncé en point de presse qu’elle gardait Will Prosper dans ses rangs, malgré les révélations concernant les circonstances de sa démission de la GRC. Soupçonné d’avoir fourni des informations à des membres de gangs de rue, M. Prosper avait dû quitter son poste au début des années 2000. La mairesse a fait valoir qu’elle appuyait toujours le candidat de Montréal-Nord, malgré cette « erreur importante ». Le même jour, Denis Coderre avait réclamé le retrait du candidat de la campagne, se disant inquiet pour la sécurité.

En chemin vers la piscine du parc Saint-Laurent, l’enseignant Hassane Cheballah soutient que Will Prosper a reconnu son erreur. « Il y a beaucoup de politiciens qui ont fait des erreurs plus graves que ça et qui continuent en politique, dit-il. Il a aussi droit à sa chance. » L’homme affirme avoir une confiance totale envers le candidat.

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Hassane Cheballah

Il ne faut pas le juger pour ce qu’il a fait, mais sur ce qu’il va faire plus tard.

Hassane Cheballah, enseignant et résidant de Montréal-Nord

À son avis, l’expérience de Will Prosper au sein de la GRC sera un atout pour améliorer la sécurité du voisinage. « C’est un beau quartier qui a ses démons, lance-t-il. Mais qui n’en a pas ? »

Rencontré devant la Fripe-Prix Renaissance du boulevard Henri-Bourassa, Appolon Jean Eddy est d’avis que Will Prosper doit retirer sa candidature. « Dans le passé, il a commis des erreurs irréparables », dit-il.

Près de là, au parc Charleroi, Wilfrid Antoine dit croire que le candidat peut encore se rattraper, selon ses actions futures. M. Antoine se dit plutôt neutre au sujet de la candidature de Will Prosper.

Un candidat pour la jeunesse

Un peu plus loin dans le parc, Ardy Estimphile s’entraîne à la boxe dans la chaleur de l’après-midi. Selon lui, la candidature de Will Prosper permet aux jeunes du quartier de s’identifier à lui. En ce qui concerne les révélations, M. Estimphile croit qu’elles n’entachent pas vraiment sa réputation.

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Ardy Estimphile

Il a le bénéfice du doute.

Ardy Estimphile

Mais s’il commet des actes qui nuisent davantage au parti, la situation sera alors différente, selon lui.

Membre fondateur de l’organisme voué à la justice sociale Hoodstock, Will Prosper est connu dans le quartier pour son implication auprès de la jeunesse. Après la mort de Fredy Villanueva en 2008, il a cofondé le collectif Montréal-Nord Républik.

Le bagage communautaire du candidat est « un plus » pour le quartier, estime Hassane Cheballah. « Il est connu et respecté dans la communauté », conclut-il.

Avec Suzanne Colpron, La Presse