L’autoroute métropolitaine de Montréal fait peau neuve : un appel d’offres a été lancé jeudi par le ministère des Transports pour la réalisation des plans pour la section ouest, située entre l’autoroute 520 et le boulevard Saint-Laurent.

« Au début de 2020, le ministère des Transports du Québec (MTQ) a pris la décision de procéder à une réfection majeure de l’autoroute 40, plutôt que d’une reconstruction », explique Blaise Rémillard, responsable du transport et de l’urbanisme du Conseil régional de l’environnement de Montréal. « Le MTQ a procédé à un appel d’offres pour la section Est, donc une compagnie est dans la planification des travaux et du chantier. Et là, ils ont annoncé l’appel d’offres pour la section ouest aussi », résume-t-il.

Le remplacement de certaines parties du béton, de tout le système de drainage et d’éclairage ainsi que de certaines sections de la chaussée sont prévus, détaille M. Rémillard.

La date de début des chantiers n’est pas connue, mais durera plusieurs années. Les réparations devraient, selon un communiqué du MTQ, permettre l’utilisation de l’autoroute sans autre intervention majeure pour les 25 prochaines années.

« C’est sûr que des mesures d’atténuation vont être mises en place pendant la réalisation des travaux, pour le bruit et la poussière », a indiqué Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ. Elle a précisé que ces mesures n’étaient pas détaillées à l’heure actuelle. « Au niveau de la circulation, le MTQ travaille en étroite collaboration avec la Ville de Montréal et d’autres partenaires pour minimiser l’impact des travaux sur l’ensemble des usagers de la route », a-t-elle aussi ajouté.

L’appel d’offres annoncé jeudi est publié sur le site du système électronique d’appel d’offres (SEAO) du gouvernement du Québec. Il concerne la section de la Métropolitaine entre l’autoroute 520 et le boulevard Saint-Laurent. Cette portion de 6,2 kilomètres est d’une superficie de 127 000 mètres carrés et abrite 18 structures.

Réfection plutôt que reconstruction

Le Conseil régional de l’environnement de Montréal aurait préféré une option de reconstruction de l’autoroute 40 pour favoriser le transport en commun et actif dans le secteur. « On est dans la réfection et on ne peut pas être contre ça : maximiser, réparer. De ce sens-là, c’est probablement une décision sage, économiquement, reconnaît M. Rémillard. Mais c’est aussi le résultat d’un manque d’action dans la transition vers la mobilité durable depuis 30 ans », ajoute-t-il.

Avec les constats alarmants du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dévoilés cette semaine, qui annoncent une catastrophe planétaire si des mesures concrètes de réduction de gaz à effet de serre ne sont pas prises, M. Rémillard est catégorique : « Nos émissions de gaz à effet de serre en transport sont hors de contrôle, et on voit difficilement la situation s’embellir [avec la réfection de l’autoroute 40]. »

Améliorer la vie autour de l’autoroute

Le ministère des Transports prépare aussi les plans et devis pour la section est, compris entre les boulevards Saint-Laurent et Provencher. Une consultation publique sur la réfection de la section est en cours jusqu’au 13 août.

L’autoroute 40 est un lieu qui favorise l’utilisation du véhicule pour les gens des environs, explique Geneviève Boisjoly, professeure spécialisée en génie des transports à la Polytechnique Montréal. Par contre, la majorité de la population, dans les 300 mètres longeant l’autoroute, sont à faibles revenus et issus de l’immigration. « De tous les déplacements qui sont faits le long de l’autoroute, 48 % se font à pied, et la proportion est beaucoup plus importante pour les personnes à faible revenu, soit en bas de 30 000 $ », dénonce celle qui est aussi membre de l’Alliance pour l’innovation dans les infrastructures urbaines de mobilité (ALLIIUM).

Or, l’autoroute dans sa forme actuelle ne favorise pas un sentiment de sécurité, selon ses recherches. Des mesures de mitigations, comme le verdissement des infrastructures et des chantiers, pourraient aider à améliorer l’esthétisme et la qualité de l’air dans le secteur, estime-t-elle. « C’est sûr qu’il y a une ouverture de la part des employés du MTQ. On a eu des discussions intéressantes, mais c’est difficile de savoir s’il y a un niveau d’adaptabilité pour inclure ces innovations-là aux projets du MTQ », ajoute la chercheuse.

Visitez le site de la consultation publique du projet de réfection de l’autoroute 40