Depuis le 31 mai, le pont Jacques-Cartier n’affiche plus ses couleurs habituelles : il est « en berne », comme les drapeaux des édifices du gouvernement fédéral, à la suite de la découverte des restes de 215 enfants sur le site d’un ancien pensionnat autochtone de Kamloops, en Colombie-Britannique, et d’autres découvertes semblables dans les semaines suivantes.

« On a un éclairage qu’on appelle “éclairage de mise en berne” : c’est un éclairage plus sobre du pont Jacques-Cartier », explique Nathalie Lessard, porte-parole des Ponts Jacques Cartier et Champlain (PJCC), société d’État fédérale. « Ça correspond à la mise en berne du drapeau canadien, qui a été décrétée jusqu’à nouvel ordre. Ç’a été maintenu même durant la fête du Canada. »

Le pont s’éteint ainsi cinq ou six fois par année, indique Mme Lessard, qui prend comme exemple le jour du Souvenir, en novembre, ou encore la mort du Prince Philip, en avril dernier, à l’occasion de laquelle les lumières sont restées éteintes une semaine.

« Mais depuis le 31 mai, c’est la plus longue mise en berne du pont. Ça fait cinq semaines, déjà », souligne-t-elle.

La société d’État travaille beaucoup avec les Premières Nations, ajoute Mme Lessard, parce qu’elle est aussi responsable de la gestion du pont Honoré-Mercier, dont l’extrémité sud se trouve sur le territoire de la réserve mohawk de Kahnawake. « Alors, on s’inscrit tout à fait dans ce deuil », dit-elle.

Un pont « connecté »

Habituellement, l’illumination du pont Jacques-Cartier dépend d’une programmation complexe qui tient compte du cycle des saisons, grâce à un calendrier chromatique incluant toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, de la mention du mot « Montréal » sur les réseaux sociaux et de différentes données recueillies durant la journée, comme la circulation et la météo.

La société PJCC le présente comme « le premier pont connecté au monde ».

Elle reçoit de nombreuses fois par année des demandes pour souligner des évènements — par exemple, illuminer le pont en bleu, blanc et rouge à l’occasion du passage du Canadien en finale de la Coupe Stanley —, mais ces requêtes sont toujours refusées, dit Nathalie Lessard, pour éviter d’interrompre le cycle de programmation de l’éclairage.