Après des mois marqués par la recherche d’un appartement, les appels aux déménageurs et les boîtes de carton, des centaines de Montréalais ont pu déménager leurs biens sous le soleil jeudi.

Une frénésie certaine régnait dans de nombreux foyers, dont celui d’Inès Talbi et de son conjoint, François Robillard. Famille et amis les aidaient à remplir des plateformes qui ont servi à déplacer leurs biens… à vélo.

Didier St-Louis et Nicolas Harvey, employés de Déménagement Myette, étaient les deux déménageurs responsables de tirer ces lourdes charges avec leur bolide à deux roues. « On préfère à vélo, parce qu’en moyenne l’inventaire des déménagements est moins élevé, et on profite plus de la journée », a lancé Didier.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Inès Talbi et François Robillard quittent leur appartement du Plateau-Mont-Royal.

Inès et François ont quitté leur appartement de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal en raison de la nouvelle réalité du télétravail. « On travaille tous les deux de la maison et on travaillait sur la même table. Pendant les vidéoconférences, ce n’est pas super », a déclaré François.

Si le couple a pu compter sur l’aide de déménageurs, ça n’a pas été le cas de Sarah Lallier-Beaudoin et de sa colocataire. La sueur perlait sur le visage des deux jeunes femmes, qui s’affairaient à sortir leurs biens sur le balcon de leur appartement situé au deuxième étage.

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Sarah Lallier-Beaudoin n’a pu faire appel à des déménageurs pour transporter ses biens.

« Quand j’ai appelé [des déménageurs], on nous a dit qu’il fallait idéalement appeler au mois de janvier, ou même au mois de décembre », a déploré Sarah. La jeune femme s’est résignée à louer un camion et à transporter les meubles de son appartement du secteur d’Hochelaga-Maisonneuve elle-même. « Ça ne va pas être une partie de plaisir », a-t-elle dit, un sourire aux lèvres malgré tout.

À quelques rues de là, un groupe de déménageurs montaient des électroménagers au deuxième étage d’un immeuble, munis de sangles.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE.

Les déménageurs Yan Lambert et Mario Grenier en action

« Beaucoup d’eau, beaucoup d’eau », a lancé l’un d’eux, Mario Grenier, en désignant le thermomètre qui commençait à grimper.

On essaie d’y aller [tranquillement] pour ne pas avoir de coup de chaleur. Ce n’est pas mieux si on tombe et qu’on manque la journée.

Mario Grenier, déménageur

Trois autres déménagements étaient inscrits à l’agenda de l’équipe de Déménagement FX pour le reste de la journée. Les plages horaires de l’entreprise étaient entièrement réservées du 30 juin au 2 juillet.

Nicolas Chouinard remplissait quant à lui un camion de location, avec l’aide de ses amis. « Ça aurait pu être pire », a-t-il déclaré, en parlant de la chaleur.

Le jeune homme, qui habitait dans son appartement de l’avenue Laurier depuis deux ans, s’estime « chanceux » d’avoir trouvé un nouveau logement rapidement. « Finalement, il y a des amis qui déménageaient d’un appartement ; j’ai texté le propriétaire et il nous l’a réservé », a-t-il raconté.

La recherche de logement, le défi des locataires

Pour bien des locataires, la recherche d’un appartement s’est toutefois avérée un calvaire cette année.

« Le premier logement que j’ai trouvé, je l’ai pris », a affirmé d’emblée Mohamed Yaagoubi. L’homme avait eu de la difficulté à trouver un appartement l’an dernier. Il voulait s’assurer d’avoir un toit au-dessus de sa tête cette année.

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Mohamed Yaagoubi a vécu une recherche de logement difficile.

« Personne ne me répondait. Celui-là, c’est la seule [propriétaire] qui m’a répondu », a-t-il déploré, en désignant son ancien appartement du secteur de Rosemont.

Mathieu Guay-Brassard a lui aussi vécu une recherche d’appartement ardue, notamment parce qu’il possède un chien.

Il n’y a personne qui veut [de mon chien] […] J’ai dû appeler une quarantaine [de propriétaires] avant d’avoir au moins deux rendez-vous.

Mathieu Guay-Brassard

Alors que les camions de déménagement circulaient sur les artères montréalaises, des membres du Comité logement Rosemont sillonnaient les rues afin de distribuer des documents informatifs et de voir si des gens avaient besoin d’aide.

Même si les membres du comité n’ont pas rencontré de locataire qui se retrouvait à la rue jeudi, ils s’attendent à recevoir de nombreuses demandes dans les prochaines semaines.

« Dans les semaines qui viennent, nous allons avoir des appels à l’aide. Ça peut être des personnes qui ont été [temporairement] hébergées chez des amis », a déclaré Caroline Magnier, du Comité logement Rosemont.

De nombreuses personnes ont toutefois fait appel aux services de l’organisme au cours des dernières semaines, a précisé Mme Magnier.