Sue Montgomery, mairesse de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (CDN–NDG), à Montréal, n’a pas su maintenir un climat de travail « exempt de harcèlement » parmi les employés de son arrondissement, s’est livrée à une lutte de pouvoir et a manqué de respect envers le directeur d’arrondissement et des employés de la Ville, a notamment conclu la Commission municipale du Québec (CMQ) dans un jugement rendu il y a quelques jours.

Mme Montgomery était accusée de 28 manquements déontologiques. Le juge administratif Alain Roy, de la CMQ, en a retenu 11 et en a rejeté 17.

Il s’agit d’une nouvelle étape dans une saga qui a coûté jusqu’à maintenant 600 000 $ aux contribuables, soit 275 000 $ pour payer les avocats de Mme Montgomery et 325 000 $ pour les avocats représentant la Ville.

En 2019, un rapport du contrôleur général avait conclu que la directrice de cabinet de la mairesse Montgomery, Annalisa Harris, avait harcelé psychologiquement deux employés, dont le directeur d’arrondissement.

Mme Montgomery a rejeté cette conclusion et a refusé de congédier Mme Harris, ce qui a mené à son expulsion de Projet Montréal par la mairesse Valérie Plante.

En décembre dernier, Mme Montgomery a gagné une manche en Cour supérieure : un jugement a demandé à la Ville de cesser d’empêcher la directrice de cabinet de communiquer avec les fonctionnaires de l’arrondissement. Le juge a toutefois reproché à chaque camp d’« avoir exagéré ».

Poursuites déposées

Depuis le début du mois de juin, Sue Montgomery et Annalisa Harris ont toutes les deux déposé des poursuites contre la Ville de Montréal et la mairesse Valérie Plante, respectivement pour atteinte à la réputation et pour diffamation, en lien avec ce dossier.

La mairesse de CDN–NDG a maintenant formé son propre parti dans l’arrondissement, qui porte le nom de « Courage – Équipe Sue Montgomery ». Elle est à nouveau candidate pour la mairie de l’arrondissement, tandis que Mme Harris est candidate pour un poste de conseillère dans le district de Loyola.

Selon la décision de la CMQ, Mme Montgomery a aussi suspendu un employé sans justification, a tenté d’empêcher qu’un autre employé reçoive sa paie, a manqué de respect, de civilité, de politesse et d’équité et s’est placée en position de conflit d’intérêts à plusieurs reprises.

Chaque manquement pourrait lui valoir une suspension de 90 jours. Les sanctions décidées par la CMQ seront annoncées le 6 juillet.

Démission demandée

Sue Montgomery s’est dite « déçue, mais pas surprise » de cette décision. Elle souligne, dans une déclaration écrite, que la CMQ l’a acquittée de 17 manquements allégués. « Dans le cas de quatre manquements, la CMQ n’a pas été en mesure de fournir de preuve pour supporter ses allégations », soutient-elle.

« En tant que femme, j’ai toujours pris la parole pour dénoncer les injustices. J’ai toujours agi dans l’intérêt des résidants de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. C’est au cœur de mon engagement politique », a-t-elle déclaré.

Selon Lionel Perez, chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville, Mme Montgomery doit démissionner dès maintenant de son poste, sans attendre que la CMQ prononce les sanctions à son endroit. « Elle n’a plus l’autorité morale nécessaire pour occuper ses fonctions », affirme-t-il.

« C’est une saga qui dure depuis des années, et les premières victimes sont les employés de l’arrondissement qui travaillent dans un climat toxique. »

M. Perez est également candidat à la mairie de CDN–NDG, pour le parti Ensemble Montréal, qui a Denis Coderre pour chef.