Détours, cônes orange, asphalte inachevé : si le premier tronçon du Réseau express vélo (REV) suscite l’engouement, les autres axes promis tardent à devenir réalité. Malgré tout, les adeptes de vélo demeurent tenaces.

Dévoilés en mai 2019 par la mairesse de Montréal, Valérie Plante, les cinq premiers tronçons du REV devaient être instaurés « d’ici 2021 ». Montréal montre du doigt la grève des ingénieurs qui retardent les travaux.

L’artère de la rue Peel ne peut être empruntée à ce jour, de même qu’une partie de celle des rues Viger, Saint-Antoine et Saint-Jacques, notamment en raison de retard dans les travaux. Une portion du REV des rues Saint-Antoine et Saint-Jacques a été inaugurée par Mobilité Saint-Henri dimanche dernier.

Cependant, la Ville de Montréal assure que les travaux du tronçon Berri-Saint-Denis vont être réalisés dans le cadre du projet du square Viger. L’ouverture de ce tronçon est prévue pour le 9 juillet.

D’ici la fin de l’année, la portion du REV de la rue Saint-Antoine entre les rues Gosford et Berri sera également complétée.

Il faut rouler pour le voir

Rue Saint-Jacques, quelques cônes orange et des panneaux où on peut lire « voie barrée » condamnent l’accès à la piste cyclable existante. Un peu plus loin, quelques cylindres rayés épars se dressent dans la rue Saint-Antoine, où aucun chantier ne semble actif.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

La piste cyclable sur Saint-Jacques est fermée à partir de Atwater

Avenue Viger, des trous béants se trouvent parfois en bordure des trottoirs, entourés de pancartes orangées phosphorescentes. Les cyclistes doivent soit débarquer de leur monture, soit faire un détour dans la rue, à proximité des automobilistes. L’un deux, Robert Beaudry, à ne pas confondre avec l’élu de Projet Montréal, a choisi la première option, au moment de l’heure de pointe, un mercredi après-midi, plus tôt ce mois-ci.

« Ça roule », lance le cycliste qui se tenait au milieu du trou de gravier, en parlant des automobilistes dans la rue du centre-ville. « Quand même qu’on chialerait, on chialerait qu’ils n’arrangent rien », ajoute Robert Beaudry, malgré tout résigné par la présence de travaux.

La Ville de Montréal souhaiterait que le REV de la rue Peel, entre Wellington et René-Lévesque, soit inauguré à l’automne. Il s’agit toutefois d’un échéancier assujetti aux grèves des ingénieurs.

Les cinq premiers axes du REV représenteront 31 des 184 km qui caractériseront l’ensemble du réseau dans les prochaines années.

Ce sont 17 axes accessibles toute l’année qui constitueront au bout du compte le projet, précise la Ville de Montréal.

De Bellechasse : vers la fin des entraves

La station de BIXI près de l’intersection Saint-Dominique et de Bellechasse était complètement vide lors de notre passage, un peu plus tôt ce mois-ci. Et quelques coups de pédale plus loin, le chantier du centre de transport Bellechasse de la Société de transport de Montréal (STM) empiétait sur le tronçon du REV qui se trouve rue de Bellechasse.

La circulation automobile peut uniquement se dérouler à un sens. De chaque côté, des tiges noires délimitent deux espaces pour les cyclistes.

Perché sur sa monture à deux roues, Simon Boivin dit bien s’adapter à ces travaux, mais trouve le passage sous le viaduc Van Horne difficile. Malgré tout, il se réjouit du sentiment de sécurité que procure le REV. « J’emmène mes enfants. Surtout rue Saint-Denis, je [ne les] emmenais jamais [autrement] », affirme M. Boivin.

Plus à l’est sur l’axe de Bellechasse, un pictogramme indique aux cyclistes de descendre de leur bicyclette pour traverser le boulevard Pie-IX, là où se trouve le chantier pour le service rapide par bus (SRB).

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

La piste cyclable rue de Bellechasse est fermée à Pie-IX

Comme l’ensemble des adeptes de vélo interrogés par La Presse, Garrett Montgonery se montre persévérant. « Ce sont des choses qui arrivent en ville. On doit accepter que ce genre de travaux vont se faire presque chaque année », dit l’homme qui trouve le REV « super ».

« On s’est assurés avec Hydro-Québec que les travaux soient terminés avant l’été, pour que les gens qui veulent se déplacer en sécurité puissent le faire », souligne le maire de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, François William-Croteau.

Malgré les travaux, les cyclistes sont au rendez-vous. Le maire s’est d’ailleurs réjoui du taux de fréquentation de la branche du REV située rue de Bellechasse.

« Les chiffres augmentent pratiquement chaque semaine, je suis agréablement surpris, dit-il. Je ne pensais pas qu’en aussi peu de temps [il y aurait] déjà près 141 000 passages la première année, en incluant l’hiver. »

L’axe nord-sud du REV, dans les rues Saint-Denis, Berri et Lajeunesse, est également populaire auprès des cyclistes, selon des chiffres publiés dans La Presse.

La sécurité des cyclistes primordiale, pour Vélo Québec

« Les cyclistes sont aussi touchés par les travaux. Il n’est pas rare que sur un trajet, il va y avoir trois ou quatre zones de travaux », affirme le directeur de Vélo Québec, Jean-François Rheault.

« C’est important de faire des détours sécuritaires. Un enfant de 5 ans qui se déplace en vélo a besoin d’un réseau sécurisé pour rouler. Il ne peut pas faire [un détour] dans la rue », précise M. Rheault, en pensant aux familles qui se déplacent sur deux roues.

M. Rheault souhaiterait que les travaux se poursuivent de façon constante.

Valérie Plante avait initialement indiqué qu’« un ou deux » axes du REV seraient construits chaque année.

Rectificatif
La version initialement publiée de cet article a été modifiée après que la Ville ait constaté une erreur dans les informations fournies à La Presse quant à l’échéancier d’ouverture de nouveaux tronçons du REV.