La grève des ingénieurs de la Ville de Montréal affecte la progression du chantier du REM de l’Ouest, a pu confirmer La Presse auprès de deux sources bien au fait du dossier.

Le débrayage, qui entre dans sa quatrième semaine, ne semble pas être sur le point de se résoudre.

Le consortium chargé de construire le train électrique et son donneur d’ouvrage n’obtiennent plus de réponses (ou les obtiennent en retard) lorsqu’ils doivent faire des gestes qui pourraient affecter les infrastructures municipales, selon nos informations.

Cette procédure, appelée la « revue documentaire », est habituellement effectuée par des ingénieurs municipaux, souvent spécialisés dans un secteur (aqueduc, égouts, routes). Ceux-ci sont actuellement en grève. Les cadres qui les remplacent ne suffisent pas à la tâche.

Une source sans intérêt dans le conflit de travail et sans lien avec le syndicat des ingénieurs a fait valoir que le conflit a des « impacts concrets » sur le projet et cause des frustrations chez les constructeurs du REM. Selon nos informations, aucun report d’échéancier n’est toutefois prévu pour le moment. Son premier tronçon doit être inauguré dans un an.

Les sources qui ont discuté du dossier avec La Presse ont refusé d’être nommées parce qu’elles ne sont pas autorisées à parler aux médias.

Échéanciers menacés, croit le syndicat

CDPQ Infra a confirmé l’importance du travail des ingénieurs de la Ville, sans toutefois commenter directement l’impact de la grève.

« Nous collaborons quotidiennement avec plusieurs professionnels, dont les ingénieurs, à la Ville de Montréal pour la réalisation du REM », a indiqué par courriel le porte-parole de l’organisation, Jean-Vincent Lacroix. « Dans ce contexte particulier, nous maintenons nos échanges soutenus avec les gestionnaires de la Ville et suivons de près l’évolution de la situation. »

Le Syndicat professionnel des scientifiques à pratique exclusive de Montréal (SPSPEM), qui rassemble essentiellement des ingénieurs, a confirmé les informations de La Presse.

« Des dizaines de chantiers importants seront reportés à l’année prochaine et les grands projets comme celui du REM et de l’échangeur Turcot ne reçoivent pas l’attention qu’ils devraient et leur échéancier est menacé », a affirmé sa présidente Marie-Eve Dufour dans une déclaration transmise à La Presse.

Le cabinet de la mairesse de Montréal n’a pas répondu à La Presse.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Valérie Plante lors d’une conférence de presse perturbée par des ingénieurs en grève, le 4 juin dernier

« Pas d’impact majeur »

À la séance du conseil municipal, la semaine dernière, Valérie Plante avait indiqué que ses équipes mettaient tout en place pour minimiser les conséquences de la grève des ingénieurs. Elle a assuré que le débrayage n’a « pas d’impact majeur sur les chantiers » municipaux.

« On s’est bien préparés en amont, pour s’assurer de réduire au maximum les impacts liés à cette grève, a-t-elle ajouté. On s’est préparés en conséquence. »

Le syndicat a critiqué cette prise de position.

« Valérie Plante est dans le déni le plus complet si elle pense que 550 ingénieurs en grève n’auront aucun impact sur les chantiers », a indiqué la présidente Marie-Eve Dufour dans sa déclaration. « La Ville n’a pas bonifié d’un seul dollar sa proposition. S’obstiner à offrir 0 % de rattrapage salarial à ses ingénieurs n’est pas raisonnable et est contraire aux engagements de Projet Montréal. »