Depuis le début de la pandémie, le service de dépannage alimentaire de la Maison de quartier Villeray a vu la demande multipliée par 10 pour ses services. Mais l’organisme ne trouve pas de local pour se loger et doit faire sa distribution à l’extérieur, dans un stationnement.

Pendant l’hiver, l’organisme s’était installé au sous-sol de l’église Saint-Grégoire-le-Grand, mais en raison du coût élevé du loyer et de travaux à réaliser, cette solution ne pouvait être conservée à long terme, dit la directrice de la Maison de quartier Villeray (MQV), Magdouda Oudjit.

La distribution d’aide alimentaire d’urgence se fait donc dehors depuis le 1er mai.

Environ 1500 ménages par mois reçoivent des denrées de la MQV. L’organisme fait 450 livraisons à domicile, mais les autres bénéficiaires viennent chercher leur panier alimentaire sur place.

Auparavant, la MQV offrait son dépannage alimentaire dans ses locaux du Centre Villeray, rue Villeray. « Mais avec les règles de distanciation à respecter, et avec l’augmentation de la demande, on n’avait plus assez de place », relate Mme Oudjit.

L’organisme en veut à la direction de la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire, qui gère l’église Saint-Grégoire-le-Grand : la MQV estime que le loyer qui était exigé (6000 $ par mois) pour le sous-sol de l’église était très élevé. Pour signer un nouveau bail, le prix aurait augmenté.

De plus, il aurait fallu effectuer des travaux coûteux, affirme Magdouda Oudjit.

Elle aurait souhaité que la paroisse soit plus accommodante.

La mission de l’Église, c’est aussi d’aider les gens pauvres.

Magdouda Oudjit, directrice de la Maison de quartier Villeray

Du côté de la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire, on rétorque que 6000 $ par mois était véritablement un prix d’ami. « Pour un tel espace, ça revient à 5 ou 6 $ du pied carré, alors que le prix normal est plutôt de 10 ou 15 $ du pied carré », indique le curé de la paroisse, Roger Dufresne.

Il explique que la paroisse, qui administre trois églises, fait face à d’énormes dépenses en raison de l’état inquiétant de ses bâtiments. « On a de gros travaux à faire, et ça ne se paye pas avec des prières, dit-il. On veut bien les aider, mais on ne peut pas tout donner. »

D’ailleurs, la MQV cherche depuis longtemps un local dans le quartier Villeray, mais n’arrive pas à trouver d’espace disponible à un prix qui lui convient.

Manque d’infrastructures communautaires

Pour Rosannie Filato, conseillère municipale du secteur, les problèmes de la MQV démontrent de façon flagrante le manque d’infrastructures communautaires, non seulement dans Villeray, mais aussi dans beaucoup d’autres quartiers. « La pandémie a accentué des problèmes qu’on avait déjà, qui touchent des organismes qui font du dépannage alimentaire, mais aussi de l’aide aux familles, de l’aide aux aînés, incapables de se loger à prix raisonnable », dit-elle, soulignant qu’il n’y a pas de bâtiment municipal dans le secteur qui pourrait répondre aux besoins.

Un comité a été mis en place pour se pencher sur la relocalisation de la MQV, avec des représentants des élus de tous les ordres de gouvernement.

Selon la représentante du bureau du premier ministre Justin Trudeau, député de cette circonscription, l’organisme pourrait faire une demande pour obtenir du financement d’un nouveau programme fédéral, pour des bâtiments communautaires « verts et inclusifs », qui « vise à favoriser la construction de bâtiments communautaires et à améliorer les bâtiments existants, en particulier dans les zones où la population a des besoins plus importants », indique le site web d’Infrastructure Canada.

Mais le député provincial de la circonscription, Andrés Fontecilla, de Québec solidaire, souligne qu’il peut être difficile pour des organismes communautaires de monter un projet de cette ampleur, puisqu’ils n’ont pas toujours l’expertise nécessaire.

« Ça prend des spécialistes pour faire ça, note-t-il. Les organismes communautaires, ils sont bons dans l’action communautaire, mais pas nécessairement pour monter des projets immobiliers. »