En réaction au problème de racisme chez les cols bleus de Montréal-Nord révélé par de récents rapports d’enquête, l’organisme militant Hoodstock réclame de l’arrondissement « des actions d’envergure », craignant que la situation dans les clos de voiries ne soit que la pointe de l’iceberg.

« Force est de constater qu’il n’y a pas de réelle volonté pour remédier à la culture organisationnelle toxique qui tolère et alimente le racisme systémique, et ce faisant, mine les possibilités d’avancement professionnel des cols bleus racisés, tout en érodant leur bien-être et leur dignité », a déclaré l’organisme dans un communiqué diffusé jeudi.

Plus tôt en mai, une enquête commandée par la Ville de Montréal à la professeure de relations industrielles Tania Saba mettait en lumière des pratiques racistes et discriminatoires au sein des clos de voirie de Montréal-Nord. Un autre rapport, celui-ci paru en avril par le professeur Angelo Soares à la demande du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, énonçait sensiblement les mêmes conclusions.

Nous nous inquiétons de voir persister une culture du déni et de l’aveuglement volontaire dans notre arrondissement.

Extrait du communiqué de Hoodstock

Hoodstock, avec le soutien du Regroupement des intervenants et intervenantes d’origine haïtienne, montre du doigt « des années d’inertie, de manque de vision et de manque de courage » au sein de la mairie de Montréal-Nord. « Toute cette situation n’est pas nouvelle et n’a pour nous rien d’étonnant. Dans les dernières années, plusieurs tentatives ont été faites pour attirer l’attention de l’arrondissement sur des enjeux de racisme », en vain, informe l’organisme.

De ce fait, il juge les décideurs actuels de l’arrondissement « illégitimes » pour intervenir dans le dossier des cols bleus, et propose la création d’un comité indépendant composé entre autres d’acteurs locaux ayant les compétences requises pour traiter les enjeux de racisme. Également, Hoodstock réclame « la tenue d’enquêtes supplémentaires sur le rapport qu’entretient l’administration municipale de Montréal-Nord avec ses autres employés », ainsi qu’avec sa population et les organismes communautaires dirigés par des personnes racisées.

« Il y a des travailleurs dans d’autres secteurs d’emploi qui subissent ce même type de culture organisationnelle toxique et discriminatoire et qui sont confrontés à des problèmes similaires », affirme le communiqué.

Afin de faciliter leur processus de dénonciation, l’organisme demande aussi la mise en place d’une ligne téléphonique anonyme pour que toutes les personnes qui veulent se confier et partager leurs expériences en sécurité.

Rappelons que les rapports d’enquête rapportaient des situations de discrimination et de ségrégation raciale entre cols bleus, leaders syndicaux et cadres. Les deux professeurs ont été chargés d’effectuer cette « enquête parallèle » après que des cols bleus racisés se soient plaints, en 2019, de l’attribution des camionnettes avec remorque, une responsabilité qui permet aux ouvriers de toucher une prime.