C’est le bris accidentel d’une quarantaine de tiges de renforcement qui a mené à la fermeture du pont de l’Île-aux-Tourtes, a confirmé vendredi le ministère des Transports du Québec (MTQ).

Ces minces barres métalliques – installées en 2012 pour renforcer le pont – ont été endommagées ce printemps dans le cadre de l’installation de nouvelles structures de renforcement. Des forages ont été mal placés et sont entrés en contact avec des tiges.

« L’erreur est humaine. Parfois, on fait des erreurs, c’est comme ça. Ça ne sert à rien de distribuer le blâme », a dit le ministre des Transports, François Bonnardel, dans une conférence de presse organisée en avant-midi. Il a ajouté que « ce n’est pas de gaieté de cœur » que la structure a été fermée.

Le pont de l’Île-aux-Tourtes, qui relie l’ouest de l’île de Montréal à Vaudreuil-Dorion, a été fermé d’urgence jeudi, en pleine heure de pointe du retour à la maison. Il est normalement franchi par 87 000 véhicules par jour. Avec la pandémie, ce nombre a baissé à environ 70 000, dont 12 % de camions.

« Je veux m’adresser aux automobilistes : je comprends et je mesure le calvaire qu’ils vivent depuis hier [jeudi] soir », a continué l’élu. « Nous ferons tout en notre pouvoir, moi et ma collègue Chantal [Rouleau, ministre de la Métropole] pour rouvrir ce pont le plus rapidement possible. »

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L’entrepreneur se défend

Parmi les tiges endommagées, l’une d’elles a été complètement sectionnée. Les autres sont abîmées à différents degrés, a indiqué Kamal Boulhrouz, directeur général au MTQ. « Ce n’est pas partout sur le pont », a dit le fonctionnaire. La solution de réparation n’avait pas encore été déterminée, vendredi.

Construction BauVal, l'entreprise qui a effectué les forages problématiques a refusé la demande d'entrevue de La Presse. Dans une déclaration transmise par écrit, elle s’est déchargée de toute responsabilité. L’entreprise « a respecté en tout point les plans et devis du projet ainsi que la méthode établie par le concepteur et s’est toujours assuré de maintenir les plus hauts standards de qualité, a-t-elle indiqué. Nous offrons toute notre collaboration aux différents acteurs impliqués dans le projet. »

CIMA+, qui fait partie avec Exp et Stantec du consortium d’ingénieurs responsables de renforcer le pont, n’a pas voulu commenter le dossier. Kamila Wirpszo, vice-présidente aux affaires juridiques, a renvoyé La Presse au MTQ.

M. Boulhrouz a confirmé que l’alarme avait été sonnée le 30 avril dernier quant à l’emplacement problématique des forages, action qui a mené à la fermeture d’une voie. Il a ajouté que les travaux s’étaient poursuivis, mais loin des tiges installées en 2012.

M. Boulhrouz n’a pas voulu se prononcer sur la durée de fermeture du pont de l’Île-aux-Tourtes. Son grand patron, M. Bonnardel, n’a pas non plus voulu mentionner de délai précis pour le moment. « Les prochains jours vont être difficiles », a-t-il toutefois fait remarquer. « Je ne peux pas concevoir que ce pont va être fermé à long terme. » Un échéancier pourrait être rendu public « dans les prochaines heures », « peut-être demain ou après-demain », a-t-il ajouté.

Pas de danger d’effondrement, dit Bonnardel

Par ailleurs, le ministre a fait valoir que le pont n’avait jamais été sur le point de s’effondrer.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le pont de l’Île-aux-Tourtes

« Quand on a une structure qui est endommagée, on ne prend pas de risque », a dit M. Bonnardel. Jeudi, le ministère des Transports a indiqué que la fermeture complète (même aux véhicules d’urgence) était « la seule option responsable pour assurer la sécurité des usagers de la route ».

Kamal Boulhrouz a souligné que même si la capacité portante de l’ouvrage était théoriquement diminuée par les bris, le pont de l’Île-aux-Tourtes ne montrait aucun signe supplémentaire de faiblesse depuis la fin d'avril.

« On arrive – sur papier seulement – à une résistance moindre que ce qui est requis pour permettre le passage de tous les usagers », a-t-il dit. Il n’y a pas « présence de fissure, de dommages visibles » autour des tiges endommagées.

Une version précédente de ce texte indiquait erronément que la firme CIMA+ mène le consortium d’ingénieurs chargé de renforcer le pont, alors qu’elle en fait simplement partie.