Dans le calme et sans heurts, une vingtaine de sans-abri qui s’étaient installés dans le boisé Steinberg, un terrain appartenant au ministère des Transports du Québec (MTQ), dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, ont été expulsés lundi.

Lundi midi, des agents du Groupe d’intervention du Service de police de la Ville de Montréal ont d’abord demandé aux campeurs d’aller un à un chercher leurs possessions sur un terrain adjacent au boisé Steinberg, sur la rue Hochelaga. Plusieurs occupants du campement avaient en effet déplacé leurs tentes et leurs effets personnels à cet endroit, pour éviter de les perdre au moment de l’arrivée de la police. Ils ont cependant été surpris de voir les policiers intervenir sur ce terrain.

Les campeurs étaient invités à mettre leurs affaires dans des conteneurs destinés à l’entreposage. Un camion à ordures était également sur place.

Les campeurs et de nombreux supporteurs s’étaient pendant ce temps massés au boisé Steinberg, discutant et buvant autour d’un feu. En voyant les policiers, plusieurs scandaient des slogans réclamant la liberté de camper où ils le désiraient.

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Plus tard dans l’après-midi, le Groupe d’intervention du SPVM est intervenu sur le site du boisé Steinberg pour disperser les manifestants. Face à plusieurs dizaines d’agents équipés de boucliers, de matraques et de casques, les personnes encore présentes sur les lieux ont préféré quitter en empruntant la rue Hochelaga, avant de se disperser dans les rues environnantes.

« Il n’y a pas eu de confrontation, aucune arrestation, aucune contravention », a indiqué le porte-parole du SPVM, Jean-Pierre Brabant.

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Samedi, le MTQ avait remis aux campeurs un avis d’éviction les enjoignant à quitter les lieux en raison des risques d’incendie.

Après une inspection des lieux, le 26 avril, le Service des incendies de Montréal a remis au MTQ un rapport indiquant qu’il y avait « un grave danger d’incendie et qu’une action devait être prise rapidement », relate une porte-parole du ministère, Sarah Bensadoun.

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« Les personnes qui se trouvent sur les lieux doivent quitter lundi au plus tard, et s’il reste du matériel sur place, il sera démantelé », expliquait Mme Bensadoun, peu avant l’intervention policière.

« J’ai déplacé ma roulotte sur un autre site, avec toutes mes affaires à l’intérieur », a confié Louis Rouillard, qui était installé au campement depuis deux semaines.

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Alexandra Laramée avait aussi déplacé sa tente, pour éviter qu’elle ne soit brisée lors de l’opération policière.

« Ils vont simplement déplacer le problème ailleurs. On va se trouver un autre endroit et on va jouer au chat et à la souris tout l’été avec les autorités », a laissé tomber Guylain Levasseur, qui agissait un peu comme le coordonnateur du campement. M. Levasseur a quitté les lieux avec sa caravane à la fin de l’après-midi, à l’arrivés du Groupe d’intervention.

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Michel Monette, directeur général de l’organisme Care, qui se trouvait sur les lieux en appui aux campeurs, a dit être « farouchement en désaccord avec le démantèlement du campement ».

« Si les campeurs décident de partir, on va partir avec eux, mais s’ils décident de rester, on va rester avec eux et travailler avec eux », a-t-il lancé, en prenant la parole devant le groupe de campeurs et de supporteurs. « On est là pour défendre leurs maisons. »

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« On ne peut tolérer la présence de campements organisés sur le territoire de la ville de Montréal », a affirmé Nathalie Goulet, responsable de l’itinérance au comité exécutif, lors d’un point de presse organisé sur les lieux, peu après le début de l’opération démantèlement.

« Mais on veut vraiment être là pour soutenir les personnes », a-t-elle poursuivi, assurant que des représentants des services sociaux et d’organismes communautaires s’étaient rendus sur place pour proposer de l’accompagnement aux occupants du campement, au cours des derniers jours.

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« On peut vous assurer que chaque personne a une place en hébergement ce soir, un lit au chaud, de la nourriture, et également la possibilité d’avoir des services de transition vers le logement. »

Pour Marie Larocque, une écrivaine installée au campement, les solutions proposées par la ville ne sont pas satisfaisantes. « On ne veut pas aller dans vos refuges, on veut rester ensemble, a-t-elle lancé. Dans les refuges, on est séparés. On a des jeunes qui sortent de la DPJ et qui se retrouvent directement à la rue, c’est nous qui nous nous en occupons. »

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Une campeuse, Marie Larocque, a pu aller récupérer ses effets personnels sur un terrain adjacent au boisé Steinberg.

Deux représentants du parti Ensemble Montréal, qui forme l’opposition à l’hôtel de ville, se sont aussi présentés sur les lieux, pour accuser l’administration de Valérie Plante de négligence dans le dossier de l’itinérance.

« On revit ce qui s’est passé l’année dernière avec le campement de la rue Notre-Dame. On se retrouve ici un an plus tard et on est toujours dans une situation d’urgence. On demande des solutions pérennes, » a déploré la conseillère Karine Boivin-Roy, qui briguera la mairie du l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve avec l’équipe de Denis Coderre aux prochaines élections municipales.

Mme Boivin-Roy a rappelé la solution mise de l’avant par M. Coderre pour contrer l’itinérance : la conversion d’hôtels en maisons de chambres pour loger les personnes sans-abri.