Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Montréal samedi après-midi à l’occasion de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs.

Les marcheurs avaient rendez-vous à 13 h au parc La Fontaine, pour dénoncer ce qu’ils qualifient de crise du travail. « Nous sommes ici pour rappeler au gouvernement qu’il est temps de trouver une sortie de crise. Ça ne peut plus durer, on ne peut plus nous user encore longtemps. Les travailleurs et travailleuses sont à bout », a scandé Karima Sadik, co-porte-parole de l’évènement et directrice de l’Association démocratique des ressources adultes du Québec, devant une foule enthousiaste.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Les drapeaux de dizaines de syndicats, dont ceux des employés de Shell et de Vidéotron et celui des Métallos, flottaient au-dessus des têtes. La Confédération des syndicats nationaux et le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec étaient également présents.

Sous le slogan « Sortons de la crise en santé et en sécurité », la coalition de syndicats a réclamé un réinvestissement majeur dans le secteur public, des salaires décents, des droits renforcés et un réel engagement environnemental. Elle a également demandé une meilleure reconnaissance et un accompagnement accru des victimes d’accident de travail ou de maladies professionnelles.

La marche, qui avait lieu en même temps que la manifestation contre les mesures sanitaires au Stade olympique de Montréal, s’est déroulée pacifiquement et dans le respect des consignes sanitaires.

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Contestation du projet de loi 59

Les critiques à l’endroit du projet de loi 59, visant à moderniser le régime de santé et de sécurité au travail, ont fusé de toutes parts. Certains syndicats souhaitent même le rejet complet de la réforme proposée par le ministre du Travail Jean Boulet. « Le projet de loi tel qu’il existe est inacceptable. On aime autant vivre avec les lois actuelles que vivre un recul », déplore Daniel Cloutier, représentant syndical national d’Unifor.

Il défilait aux côtés des employés de Shell Canada, qui avait mis en lock-out des membres de sa section du local 121. Depuis novembre, ils appellent au boycottage de la pétrolière.

Le directeur québécois du syndicat des Métallos, Dominique Lemieux, s’inquiète des conséquences de la réforme en santé et sécurité au travail sur l’industrie lourde, particulièrement au chapitre des mécanismes de prévention.

Parmi les marcheurs, la co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé a elle aussi vivement critiqué le projet de loi 59. « C’est un mauvais projet de loi, qui ne répond pas aux besoins identifiés depuis des décennies. La [Coalition avenir Québec] est un gouvernement qui est du côté des employeurs, et ça, c’est triste. Surtout aujourd’hui », dit-elle.

Les débardeurs du port présents

En tête du peloton, les débardeurs du port de Montréal ont défendu leur droit de grève, qu’ils estiment avoir été brimé par l’adoption d’une loi spéciale, jeudi, forçant leur retour au travail par le Parlement fédéral. Les activités au port s’étaient arrêtées lundi matin.

« Nous sommes heureux de marcher avec nos confrères et consœurs en cette Fête internationale des travailleuses et travailleurs malgré le fait que ce soit une journée bien triste pour les syndiqués au pays », a déclaré Michel Murray, conseiller syndical et porte-parole du Syndicat des débardeurs (SCFP 375) dans un communiqué publié avant la manifestation.

Visiblement, on a beaucoup de chemin à faire, vu que les droits des salariés peuvent être si facilement bafoués.

Michel Murray, conseiller syndical et porte-parole du Syndicat des débardeurs

Par ailleurs, ce n’est pas un hasard si le salaire minimum passe à 13,50 $ l’heure à compter de ce samedi 1er mai au Québec, une hausse de 40 cents. Le salaire minimum des employés à pourboire passe à 10,80 $ l’heure, une hausse de 35 cents. Plusieurs syndicats estiment toutefois que c’est insuffisant pour sortir les gens de la pauvreté.

Selon les statistiques fournies par le gouvernement, 287 000 personnes gagnent le salaire minimum au Québec. Plus de la moitié sont des femmes.

Avec La Presse Canadienne