(Montréal) Le centre de jour Resilience, lieu de rencontre et de soutien aux Autochtones en situation d’itinérance à Montréal, voit enfin sa situation pérennisée par une importante aide financière du gouvernement du Québec et sept fondations privées.

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a annoncé lundi une aide de 3 millions pour l’achat d’un bâtiment près du square Cabot, lieu de rassemblement des personnes en situation d’itinérance d’origine autochtone.

« Honnêtement, depuis quelques mois, je parle du vivre ensemble et j’essaie d’expliquer ce que c’est et je pense qu’aujourd’hui c’est le plus bel exemple, de voir des gens qui se tiennent ensemble, des fondations qui normalement n’auraient peut-être pas donné à ce projet-là et c’est d’embarquer dans un projet commun, des gens des communautés autochtones, des allochtones, des gens de partout ont décidé d’embarquer là-dedans », a fait valoir le ministre Lafrenière en conférence de presse.

La Fondation du Grand Montréal, pour sa part, injecte 1,5 million pour soutenir les activités du centre pour une durée de trois ans. L’argent provient de sept fondations privées. Tasha Lackman, vice-présidente à la Fondation du Grand Montréal, a qualifié l’annonce d’« exemple extraordinaire de vision et de collaboration ».

« Ce projet illustre la complémentarité entre le secteur public et le secteur philanthropique où nous pouvons chacun jouer notre propre rôle en complémentarité », a-t-elle fait valoir.

Épée de Damoclès

Une lourde épée de Damoclès pesait au-dessus de Resilience Montréal : l’organisme occupait temporairement un local qu’elle n’a d’autre choix que de libérer au début d’avril. Une éventuelle fermeture ou un déplacement dans un autre secteur aurait entraîné de multiples difficultés pour maintenir le lien avec cette population vulnérable. Bien que l’emplacement du futur centre de jour soit encore confidentiel en raison des négociations en cours pour son achat, la directrice de Resilience Montréal, Mme Nakuset, a assuré que le bâtiment convoité est situé à proximité du square Cabot.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Nakuset

Visiblement ravie, Mme Nakuset a confié qu’en plus de 20 ans de travail auprès de cette clientèle, c’était la première fois qu’elle recevait des sommes de cette ampleur, un financement qui permettra d’aménager un espace sécuritaire, fonctionnel et convivial.

Elle a raconté que les utilisateurs actuels de l’organisme étaient bien au fait de l’annonce à venir.

« Quand j’ai quitté Resilience ce matin, ils étaient excités, ils étaient heureux de voir que quelque chose serait un peu plus sûr pour eux, en leur offrant un domicile. Bien que ce soit un centre de jour, ils vont se sentir chez eux et c’est quelque chose qu’ils n’ont pas eu depuis très longtemps.

« L’idée, c’est de créer ce centre pour qu’il soit un endroit de bien-être pour les sans-abri. L’idée, c’est que lorsqu’ils entreront, ils se sentiront chez eux et je souhaite que ce soit magnifique en y entrant et super fonctionnel et d’y retrouver des espaces pour tous les différents besoins », a-t-elle ajouté.

Un appel au vis-à-vis fédéral

Le gouvernement fédéral brillait par son absence à cette annonce, mais le ministre Lafrenière n’y est pas allé par quatre chemins pour rappeler à son homologue fédéral que le dossier se trouvait dans sa cour.

« Pour l’instant, il y a plusieurs fondations qui ont répondu présentes. Il y a d’autres fondations qui nous ont dit que, prochainement, elles vont embarquer. J’ai la même main tendue à Ottawa qui est un partenaire important pour nous. J’espère vraiment que mon collègue (le ministre fédéral des Services aux Autochtones) Marc Miller, que je sais très occupé parce qu’il a plusieurs dossiers présentement qui sont importants, mais j’espère l’avoir comme partenaire. Pour nous ce serait extrêmement important, surtout que c’est dans son comté. »

Québec avait déjà versé 600 000 $ en décembre pour soutenir la démarche d’offre d’achat, ce qui porte son soutien total à 3,6 millions pour ce projet.

Une halte-chaleur essentielle

Par ailleurs, la halte-chaleur installée au début du mois au square Cabot à la suite du décès de Raphaël André, dans la nuit du 17 janvier dernier, demeurera en place jusqu’au 31 mars. Le ministre Lafrenière a confirmé le maintien de cet équipement pour les six prochaines semaines.

Raphaël André était mort de froid après s’être réfugié dans une toilette mobile parce qu’il s’était heurté à une porte close au refuge où il espérait passer la nuit, celui-ci ayant été fermé à la suite d’une éclosion de COVID. Selon toute vraisemblance, l’Innu de 51 ans, originaire de Matimekush–Lac John, cherchait à échapper au regard des policiers alors que les personnes en situation d’itinérance n’étaient pas encore exemptées du couvre-feu.