La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a annoncé vendredi la mise sous tutelle de l’Office municipal d’habitation de Longueuil (OMHL), en expliquant, dans un communiqué, qu’elle ne pouvait « tolérer une situation qui met en péril le bien-être des locataires et des employés ».

La ministre indique avoir pris cette décision à la suite d’un rapport de la Société d’habitation du Québec (SHQ), qui est responsable des OMH de la province.

Les cinq élus de l’agglomération de Longueuil qui siègent au conseil d’administration de l’OMHL ont aussi écrit à la ministre Laforest vendredi pour demander son intervention. « Nous […] en sommes venus à la conclusion qu’il n’est plus possible de continuer d’assumer notre rôle d’administrateur de façon fonctionnelle et vous demandons de prendre des mesures immédiates afin de rétablir la gouvernance de l’organisation », implorent-ils dans cette lettre, qu'a obtenue La Presse.

Le mois dernier, le C.A. a reçu un rapport d’une firme externe de ressources humaines concluant « qu’un climat de travail négatif est présent à tous les paliers de l’organisation et que ce climat a une incidence directe sur le bon fonctionnement de l’organisation. Il ressort de cela avec évidence que le statu quo obligerait, à notre avis, la mise en place de mesures coercitives (tutelle) afin d’assurer le bon fonctionnement de l’organisme. »

La ministre Laforest qualifie de « très troublants » les faits relatés dans le rapport.

L’OMHL, qui administre plus de 2000 logements à loyer modique, est en crise depuis plusieurs mois, notamment depuis l’arrivée en poste d’une nouvelle directrice générale, en juillet 2019. Plus du tiers des employés ont quitté l’organisme depuis.

« Situation de guerre »

Le rapport de la firme SCE fait état d’une « organisation en situation de guerre », de « méfiance et suspicion », de « présomptions de harcèlement », d’un « sentiment généralisé de démobilisation et d’épuisement » et de « services à l’abandon », notamment.

Les experts soulignent que les membres du C.A. ne connaissent pas leur code d’éthique ni leurs obligations. Ils recommandaient aussi le départ de la directrice générale, à moins qu’elle accepte de se soumettre à un processus de coaching pour une période minimale de six mois, avec des objectifs clairs.

En septembre dernier, la Fédération des locataires de HLM du Québec avait déjà demandé à la ministre Laforest la mise sous tutelle de l’OMHL, après avoir reçu de nombreuses plaintes de comités de locataires, qui déploraient un entretien défaillant des immeubles.

Après l’annonce de la ministre, la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, a déclaré qu’elle était d’accord avec sa décision.

« J’en arrive aux mêmes conclusions, soit que le processus de mise en tutelle doit être déclenché pour le bien des employés et des locataires », a-t-elle indiqué dans un communiqué.