Alors que le sort des personnes en situation d’itinérance à Montréal soulève des inquiétudes, l’Accueil Bonneau vient de supprimer 11 postes d’intervenants, dont plusieurs qui travaillaient à la halte-chaleur ouverte pour la pandémie au Grand quai du Vieux-Port de Montréal, a appris La Presse.

L’organisme a expliqué qu’il embaucherait davantage d’agents de sécurité pour maintenir l’ordre dans ce lieu qui peut accueillir jusqu’à 300 personnes.

Le syndicat local est en furie et s’inquiète de l’impact de cette réduction d’effectifs sur cette clientèle très vulnérable.

L’annonce a été faite aux employés de l’Accueil Bonneau mercredi, selon nos informations.

« Il semble que le modèle du Grand quai ne permet pas d’assurer un service d’intervention convenable adapté aux pratiques de l’Accueil Bonneau », a écrit Fiona Crossling, directrice générale de l’Accueil Bonneau, dans un message interne. « Nous pouvons vous assurer que ces décisions sont appuyées sur des pratiques innovantes, qui nous permettront d’accompagner davantage de personnes en situation d’itinérance selon leurs besoins. »

Parmi les postes d’intervenants supprimés, on en compte six permanents et cinq temporaires.

Dans deux courriels à La Presse, l’Accueil Bonneau a expliqué vouloir « réaligner [ses] ressources ». « Le modèle actuel ne fonctionne pas et freine nos efforts à réaliser notre mission », a expliqué le directeur exécutif Claude M. Vigneault. L’organisme a refusé une demande d’entrevue.

Nathalie Goulet, responsable du dossier de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal, a elle aussi refusé une demande d’entrevue.

« La pire façon d’agir »

Les intervenants de l’Accueil Bonneau ont été surpris et fâchés d’apprendre la suppression des 11 postes, a expliqué Jeff Begley, le président de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN, qui représente ces travailleurs.

« C’est une réaction très négative, le monde est très préoccupé », a-t-il dit. « On est en train de regarder avec le syndicat comment on peut faire infirmer cette décision-là. La façon dont ils ont procédé ne respecte aucunement – à notre avis – la convention collective. »

M. Begley a affirmé que les travailleurs s’inquiètent surtout pour les itinérants avec lesquels ils travaillaient. « C’est ça leur première préoccupation. Ils craignent l’impact pour les sans-abri, a-t-il dit. C’est vraiment la pire façon d’agir à notre avis. […] Surtout quand on est en pleine pandémie avec tous les problèmes qui viennent avec. »

La halte-séjour du Grand quai a été ouverte en novembre dernier afin de permettre aux itinérants de se réchauffer dans un contexte où beaucoup de lieux publics sont fermés pour cause de COVID-19.