Face au manque de collaboration de nombreux citoyens qui ne répondent pas lorsqu’ils sont contactés par la Santé publique, Montréal a trouvé une façon originale de les joindre où ils sont : en envoyant un coursier à vélo pour les inciter à faire rapidement un test.

Depuis quelques jours, le nombre de cas signalés augmente rapidement. Dimanche, 219 nouveaux cas ont été enregistrés dans la métropole, qui vient de passer au palier d’alerte orange.

Et sur ce nombre, pas moins de « 50 % de nos cas sont chez les 18-34 ans », a souligné lundi la directrice de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin.

Un des problèmes, à l’heure actuelle, c’est que les gens qui ont été en contact avec ces nouveaux cas ne collaborent pas toujours avec la Santé publique de Montréal. « On a appelé 512 personnes en fin de semaine. Seulement le tiers nous a répondu », a déploré la Dre Drouin.

En plus d’avoir beaucoup de personnes à joindre pour chaque nouveau cas, puisque les gens socialisent plus qu’au printemps, les enquêteurs se butent à des Montréalais récalcitrants à coopérer.

« Durant la même journée, les enquêteurs font deux tentatives d’appel. On commence même à introduire le texto et le courriel. On fait une dernière tentative le lendemain matin et, si on n’a pas de réponse, un coursier à vélo va déposer une lettre en mains propres qui demande aux gens de rappeler dans les 24 heures », a affirmé la directrice lors d’une conférence de presse.

Les autorités ne peuvent expliquer les raisons de la hausse des cas au cours des derniers jours, qui ne sont d’ailleurs pas concentrés dans un quartier ou un milieu, comme les bars (il y a une cinquantaine d’éclosions actives à Montréal : 14 en milieu scolaire, 2 en service de garde, 28 en milieu de travail et 6 dans les milieux de soins). Les rassemblements privés demeurent quand même la préoccupation des autorités, ce qui explique la décision de diminuer les rassemblements de 250 à 50 personnes dans toute la province et à 25 personnes pour les zones orange.

« On a eu de grosses éclosions dans les évènements comme les mariages, les baptêmes et les fêtes organisées dans certaines communautés, met en perspective la Dre Drouin. Les évènements qui dépassaient les 50 personnes ont occasionné les plus grosses éclosions que nous avons eues. »

« Il ne faut pas qu’on oublie toutes les mesures sanitaires quand on rentre à la maison », a lancé la mairesse Valérie Plante, qui a ajouté que la situation est maîtrisée dans les bars, les transports en commun et les lieux publics.

Le système de santé est « prêt »

Les autorités de santé publique de Montréal disent avoir tiré des leçons de la première vague et être prêtes cette fois. Notamment, après s’être « questionnés sur la structure de gouvernance du réseau dans un contexte de crise sanitaire », les dirigeants du réseau de la santé de Montréal ont décidé de créer un « centre de commandement », explique le conseiller aux médias Éric Forest, du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. Ce nouveau centre regroupe les PDG de tous les établissements de santé, la Santé publique, Urgences-santé, la Ville, la sécurité civile et un sous-ministre.

Les membres discutent « au moins deux fois par semaine », a répondu par écrit M. Forest.

À propos de ce centre de commandement, la présidente-directrice générale du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Sonia Bélanger, a expliqué que son mandat est d’avoir une « vue d’ensemble » sur la situation montréalaise, de « travailler dans une perspective commune » et de réunir les différentes ressources.

Alors qu’actuellement, 35 patients sont hospitalisés dans plus de 10 établissements et que 17 d’entre eux sont aux soins intensifs, Mme Bélanger a ajouté que, contrairement à la première vague, tous les hôpitaux seront responsables d’accueillir les patients atteints de la COVID-19.

« On envoyait avant toute la clientèle qui avait besoin d’être hospitalisée dans certains hôpitaux en particulier, comme l’Hôpital général juif, Sacré-Cœur et Maisonneuve-Rosemont. Ils sont vite devenus congestionnés. Alors, cette fois-ci, le plan est que chaque hôpital aura une proportion de lits COVID, ainsi que des soins intensifs », a évoqué Sonia Bélanger, qui participera régulièrement aux prochains points de presse de la Santé publique de la métropole.