La présence de marmottes à Montréal n’a rien de bien surprenant, mais au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, le comportement de ces fouisseurs a pris un tournant lugubre avec le déterrement de restes mortuaires.

Daniel Granger, porte-parole du cimetière, affirme que les travailleurs tombent « occasionnellement » sur des ossements exhumés par ces rongeurs. « Pas à tous les jours, mais ça arrive plusieurs fois pendant l’été », précise-t-il.

Les restes sont recueillis et réenterrés au même endroit où ils ont été découverts, explique M. Granger, et on bouche ensuite les terriers des coupables.

Michelle McSweeney, qui se rend environ dix fois par année dans le vaste cimetière situé sur les pentes du mont Royal, et ce, depuis cinq ou six ans, dit avoir aperçu des os gisant à proximité des terriers à deux reprises, il y a deux ans de cela. Elle dit avoir aussi remarqué des poignées en métal ou des ornements de cercueils éparpillés à d’autres occasions.

Le phénomène n’a rien de plaisant, mais il demeure « naturel », avance-t-elle.

Une promenade de 20 minutes à travers le cimetière a suffi pour observer plusieurs marmottes, vendredi, dont quelques-unes se pointaient le bout du nez depuis des terriers creusés à la base de pierres tombales. On pouvait voir des excavations et des tunnels dans la plupart des rangées.

Michelle McSweeney dit croiser au moins une dizaine de marmottes chaque fois qu’elle visite le cimetière. Et ces petites bêtes lui semblent de plus en plus nombreuses depuis les deux dernières années.

M. Granger, de son côté, ne croit pas que le problème s’aggrave, même s’il suppose qu’on peut compter des centaines, voire des milliers de marmottes sur le site.

Cependant, moins de renards ont été aperçus sur le mont Royal ces dernières années, relève-t-il, ce qui pourrait avoir contribué à un boom de la population de marmottes.

Selon David Rodrigue, biologiste au Zoo Ecomuseum dans l’ouest de Montréal, la marmotte est une espèce en quête de terrains dégagés où creuser, mais aussi d’endroits où se réfugier, comme des buissons ou des arbustes. Le cimetière constitue donc le « parfait habitat », souligne-t-il.

Le biologiste explique que les dents des marmottes continuent sans cesse de pousser. Elles rongent donc ce sur quoi elles peuvent bien mettre la patte, comme du bois ou encore des os, afin de les abraser.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Le cimetière constitue le « parfait habitat » pour les marmottes, souligne David Rodrigue, biologiste au Zoo Ecomuseum.

Difficile d’affirmer avec certitude si le nombre de marmottes a récemment augmenté en ville, faute de dénombrement officiel au cours des dernières années, précise-t-il.

Quant aux responsables du cimetière, ils ne peuvent pas faire grand-chose à part boucher leurs terriers, car les règlements municipaux empêchent toute intervention plus drastique, soutient M. Granger.

David Rodrigue partage en bonne partie cet avis. L’arrivée d’un plus grand nombre de prédateurs naturels, tels que des renards et des coyotes, pourrait toutefois aider à contrôler la population de marmottes, suggère-t-il. Sinon, il vaut mieux se faire à l’idée de la cohabitation.

Mme McSweeney affirme que la faune fait partie de l’attrait du cimetière. Elle espère néanmoins que la direction préparera des directives claires afin de signaler l’éventuelle présence d’ossements à la surface, afin d’éviter une macabre découverte aux familles qui se recueillent auprès de leurs défunts.