« La Ville ne peut pas diminuer le budget du SPVM sans abaisser les effectifs. Elle ne peut pas abaisser les effectifs sans fusionner des postes de quartier. Nos enquêteurs nous disent qu’il y a de plus en plus d’armes dans les rues de Montréal. Il faut être pragmatique, pas idéologique. Définancer le SPVM, ça ne tient pas la route », a déclaré à La Presse le président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, Yves Francœur.

Le budget du SPVM est actuellement de 665 millions.

Depuis quelques semaines, des liens prônant un définancement du SPVM aux profits des organismes communautaires circulent sur les réseaux sociaux. Récemment, en vue de sa consultation prébudgétaire, la Ville de Montréal a diffusé un sondage dans lequel elle demande si les budgets de certains services devraient être revus, dont celui du SPVM.

Dans un mémoire présenté dimanche soir à la Ville, dans le cadre de cette consultation prébudgétaire, la Fraternité, qui représente les 4500 policiers et policières du SPVM, s’oppose avec vigueur au définancement, affirmant que diminuer le budget de la police compromettra la sécurité du public.

La Frat veut plus d’argent que moins

Parmi ses arguments, la Fraternité rappelle que 90 % du budget du SPVM constitue la masse salariale et des équipements, et qu’une réduction du financement se traduira par des mises à pied, des fermetures de postes de quartier, une augmentation des délais de réponse et une hausse des heures supplémentaires.

La Fraternité rappelle que les coûts de la police représentaient 13,4 % des dépenses de la Ville en 2010 et qu’ils sont de 10,8 % aujourd’hui. Elle souligne que les effectifs de 4500 policiers sont stables depuis des décennies alors que la population de Montréal a augmenté de 200 000 personnes depuis 2001.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur.

Sur les 25 plus gros corps de police au Canada, 20 ont un pourcentage du budget municipal supérieur au SPVM selon un classement effectué par le quotidien torontois The Globe and Mail. La police de Toronto a subi des diminutions de budget ces dernières années, si bien que le pourcentage est maintenant inférieur à celui du SPVM. « Toronto subit une grave crise de violence urbaine avec une multiplication inédite des fusillades. Voilà qui devrait faire réfléchir des décideurs avertis », écrit la Fraternité dans son mémoire.

Le syndicat rappelle qu’il y a 33 000 appels par année pour des personnes en crise de santé mentale et qu’il réclame des effectifs supplémentaires pour faire face adéquatement à la situation.

La Fraternité rappelle aux élus montréalais qu’ils se sont engagés à équiper les policiers de caméras corporelles et que cela coûtera 20 millions de plus à gérer, sans compter les coûts d’achat d’équipement.

Enfin, elle affirme que le SPVM manque déjà « cruellement » de moyens pour lutter contre la criminalité sur l’internet « qui est largement sous-estimée ».

« Le financement des programmes sociaux ne peut se faire au prix d’une destruction de l’efficacité policière sans que l’insécurité crée de nouveaux problèmes sociaux. Car relâcher la pression sur les criminels en favorise l’essor et multiplie les victimes. Notre société peut et doit financer les programmes sociaux sans miner la sécurité publique à Montréal. Le crime ne mérite pas de cadeau, et encore moins le crime organisé, très présent à Montréal. La société ne mérite certainement pas non plus que l’on atténue la liberté que lui procure la sécurité », conclut la Fraternité dans son mémoire.

La police en quelques chiffres

– Plus d’un million d’opérations par année

– 70 000 crimes commis chaque année, dont 20 000 crimes contre la personne

– 50 000 crimes contre la propriété par année, dont 9000 introductions avec effraction

– 2000 conducteurs arrêtés avec les facultés affaiblies

Source : Fraternité des policiers et policières de Montréal