(Montréal) Le Grand Séminaire de Montréal quitte ses locaux historique pour s’installer dans de nouvelles installations.

Cette décision est loin d’être étonnante, étant donné la perte d’influence de l’Église catholique au Québec. Si l’établissement formait autrefois jusqu’à 200 futurs prêtres à la fois, il accueille de nos jours qu’une poignée d’étudiants prêts à suivre la formation de huit ans.

Francis Leroux est l’un de ces candidats à la prêtrise.

Selon lui, c’était « un privilège » de vivre et d’être formé dans un bâtiment aussi historique, « par des prêtres et des professeurs appartenant à des ordres religieux qui ont aidé à fonder Montréal et à soutenir la ville dans ses premières années ».

Les séminaristes vivaient dans un bâtiment du centre-ville depuis son achèvement en 1857, mais les prêtres sulpiciens étaient installés sur ce terrain depuis les années 1670. La mission de former de nouveaux prêtres leur incombe depuis les années 1840.

Même si la majestueuse chapelle et l’aspect historique du bâtiment lui manqueront, Francis Leroux dit que sa nouvelle destination n’est pas sans avantages. Ainsi, les étudiants seront moins dispersés dans un immeuble trop grand.

Les nouveaux locaux du Grand Séminaire sont situés dans un ancien couvert dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie. On y trouve une petite chapelle, des espaces communautaires et de la place pour environ 20 prêtres.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

« Nous pourrons vivre un peu plus tous ensemble, partager un peu plus de temps communautaire », souligne l’étudiant âgé de 23 ans.

M. Leroux a aussi hâte d’étudier et de vivre dans un quartier beaucoup plus animé qui permettra aux séminaristes d’avoir plus de contact avec la communauté avoisinante. « Je suis plein d’enthousiasme. J’y vois beaucoup d’opportunités. Ce sont de nouveaux chemins qui s’ouvrent, de nouvelles possibilités. C’est une nouvelle page d’histoire qui s’ouvre. J’ai bien hâte de faire partie de cette histoire. »

Des immeubles trop vastes

Le Grand Séminaire n’est pas le seul édifice religieux qui est devenu trop vaste pour ses occupants, reconnaît l’archevêque de Montréal, Christian Lépine.

Plusieurs communautés religieuses estiment que les coûts d’entretien de vieux bâtiments historiques sont trop élevés.

« D’un point de vue financier, si on ne peut pas utiliser un grand bâtiment dans toutes ses capacités, cela devient un fardeau », souligne Mgr Lépine.

Le débat du sort à réserver à ces bâtiments « est sans fin », ajoute-t-il. De nombreuses communautés religieuses voient l’occasion de perpétuer leur héritage en entretenant ces grands bâtiments vieillissants, même si la congrégation se rétrécit à peau de chagrin.

Selon Mgr Lépine, l’idéal consiste généralement à conserver le bâtiment tout en recherchant des partenaires, en particulier parmi ceux liés aux missions traditionnelles de l’église en matière de soins de santé, d’éducation ou d’organisations communautaires.

Cela pourrait signifier la location d’espaces à des écoles, à des organisations au service des personnes vulnérables, ou même à des hôpitaux, dit-il.

Les sulpiciens semblent suivre cette tradition en louant des parties du Grand Séminaire à des écoles.

« Ils ont annoncé il y a quelque temps que leur priorité était l’éducation, car c’est leur domaine », mentionne Mgr Lépine.

Le plan B consiste généralement à transformer le bâtiment en logement social ou communautaire, dit-il. « La foi s’exprime également dans des causes sociales. Cela prend du temps, mais parfois, nous pouvons avoir des projets qui sont utiles pour les gens. »

Mgr Lépine juge que le déménagement des séminaristes n’est pas une chose vraiment triste. Selon lui, les candidats à la prêtrise renouent « avec les origines » en se rapprochant de la communauté qu’ils sont appelés à servir.

« Les sulpiciens vivaient dans une paroisse. Le bâtiment était à côté de la paroisse. Ils étaient impliqués dans la vie des gens. On revient à cela », soutient-il.