L’administration Plante cherche un promoteur québécois et surtout « transparent » pour organiser le Marathon de Montréal de l’an prochain, a appris La Presse. L’évènement, dont la plus récente édition, en 2019, a été assombrie par la mort d’un coureur et des retards importants, devrait se tenir à l’été ou à l’automne 2021, si la pandémie le permet.

« Ce qui est arrivé l’an dernier a entraîné beaucoup de tristesse. On doit tout mettre en place pour éviter que ça se reproduise », explique le conseiller associé aux sports du comité exécutif de la Ville de Montréal, Hadrien Parizeau.

En 2019, le marathon avait commencé avec près d’une heure de retard en raison du manque de personnel. Seuls 60 agents étaient présents alors qu’il devait y en avoir 200.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE PATRICK NEELY

Patrick Neely

Patrick Neely, 24 ans, est mort en pleine course de demi-marathon. Le jeune homme souffrait d’une affection médicale qui le rendait plus à risque de souffrir d’arythmie cardiaque fatale, mais son état était modéré et stable et il n’avait pas de contre-indication à courir.

Dans son rapport en juin, la coroner Géhane Kamel a relevé plusieurs anomalies entourant son décès, dont des problèmes de répartition avec l’ambulance et un accès déficient à des défibrillateurs. L’édition 2020, elle, a été annulée en raison de la crise sanitaire.

C’est le promoteur qui a vraiment failli à sa tâche. Dorénavant, l’accompagnement de notre part va être beaucoup plus rigoureux. On va s’assurer de repasser toute la liste des besoins en santé et sécurité. Notre Direction des sports va aussi produire sa propre analyse.

Hadrien Parizeau, conseiller aux sports du comité exécutif

Vendredi, sans tambour ni trompette, la Ville a publié un appel de propositions, le contrat avec le promoteur Ironman n’ayant pas été renouvelé après l’édition 2019. Les soumissionnaires ont jusqu’au 2 septembre pour se manifester. « On veut une entreprise d’ici qui est transparente, qui va redonner les lettres de noblesse au marathon », explique l’élu, qui est aussi coureur dans la vie.

« Quand on se compare à des villes comme Chicago, on voit qu’il manque quelque chose au marathon de Montréal. C’est possible d’aller chercher plus », dit-il.

Enjeux de constance et de croissance

Selon la spécialiste des affaires municipales de l’UQAM Danielle Pilette, le défi pour la Ville est de trouver un promoteur qui sera là « pour longtemps ». « Ça veut dire une organisation qui a de l’expérience, mais qui compte aussi de jeunes gestionnaires. C’est tout un mandat de réunir les deux », observe-t-elle.

Si elle veut redorer la réputation du marathon, l’administration Plante devra aussi diversifier celui-ci, croit l’experte. « Il va falloir construire des sous-évènements, créer une image de marque, offrir une expérience d’ensemble, un peu comme le fait Vélo Québec dans son créneau », dit Mme Pilette. Celle-ci ajoute que la pandémie pourrait jouer en la faveur des organisateurs.

La conjoncture ne pourrait pas être meilleure. Ils pourront évoquer une année d’absence avant de parler des incidents de 2019. On tourne la page, on recommence à zéro. Ça va être le message.

Danielle Pilette, spécialiste des affaires municipales de l’UQAM

Il n’y a aucune raison pour que le Marathon ne gagne pas en influence avec de bons organisateurs, croit la professeure. « Montréal a grand besoin d’une notoriété positive, surtout avec l’année qu’on vient de vivre. Le Marathon peut y contribuer, pour peu que son image change par des actions », indique-t-elle.

Les commanditaires devront revenir

En février, le fabricant de jus Lassonde dénonçait « l’amateurisme patent » du Marathon et ses « déficiences majeures » depuis trois ans. L’entreprise s’était même tournée vers les tribunaux pour faire cesser l’utilisation de la marque Oasis dans la promotion de l’évènement.

« [Cette mauvaise gestion] empêche le Marathon de Montréal de se comparer favorablement aux grands évènements de course organisés à travers le monde », a soutenu Lassonde dans une demande en injonction provisoire à la Cour supérieure.

Hadrien Parizeau, lui, veut faire revenir ces grands acteurs. « Notre objectif, c’est d’avoir une réforme suffisamment importante pour que des gens comme Lassonde redeviennent des commanditaires principaux. C’est une belle et grande compagnie québécoise », fait valoir le conseiller municipal. Les budgets de la Ville consacrés au marathon atteignent 410 000 $, dont une bonne partie va à l’acquisition de « biens et services ». Cette somme pourrait toutefois augmenter en fonction des besoins du nouvel organisateur.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES NATIONALES DU QUÉBEC

Le premier marathon de Montréal, en 1979

Le marathon de Montréal en quelques dates importantes

1976 : Les premières discussions entourant la tenue d’un éventuel marathon commencent en coulisses, peu après les Jeux olympiques de Montréal.

1979 : L’ex-journaliste Serge Arsenault fonde le Marathon international de Montréal. Il l’organisera jusqu’en 1990, avant de se retirer, la faillite d’un commanditaire venant notamment compliquer les choses.

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Serge Arsenault, fondateur de l’évènement, en 1983

2003 : Le frère de Serge Arsenault, Bernard, fait renaître le Marathon de ses cendres, dans le cadre du Festival de la santé Oasis.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Coureurs sur le pont Jacques-Cartier, en 2003

2011 : Bernard Arsenault vend le Marathon à l’organisation qui chapeaute les courses Rock ’n’ Roll. Celle-ci sera finalement rachetée par le promoteur Ironman, propriété de Wanda Sports.