Alors que le centre-ville est mal en point, avec moins de 5 % des travailleurs dans les tours de bureaux, sans touristes et des commerçants « très inquiets » d’avoir une clientèle si « famélique », la Ville de Montréal et ses partenaires misent sur les artistes et les créateurs pour lui redonner vie.

« Ce n’est pas un cri d’alarme, c’est un cri de ralliement », a lancé mardi Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Au côté de la mairesse, Valérie Plante, qui venait d’annoncer, en conférence de presse, l’injection de 400 000 $ pour aménager et animer le centre-ville, M. Leblanc n’a pas caché que la situation est préoccupante.

« C’est grave, ce qui se passe, d’un point de vue commercial. On peut agir, et c’est ça qu’on tente de faire. Ça prend des sous, des idées et la mobilisation des Montréalais », a-t-il indiqué.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Michel Leblanc

Un sondage mené par la Chambre de commerce auprès du monde des affaires tend à démontrer que trois répondants sur quatre sont « très inquiets » pour l’avenir du centre-ville. Et pour cause, souligne M. Leblanc, puisque la clientèle n’est pas au rendez-vous. « C’est famélique ! », laisse-t-il tomber. Bien que le gouvernement permette un taux d’occupation de 25 % dans les bureaux du centre-ville depuis le 18 juillet, dans les faits, on y retrouverait moins de 5 % de travailleurs, selon la Chambre de commerce. Et l’effet se fait sentir dans tous les commerces du secteur.

« On est dans des chiffres incroyablement bas. Des restaurateurs qui sont habitués à servir 300 couverts le midi en font 8. Des boutiques qui reçoivent habituellement une soixantaine de clients en fin de journée en reçoivent un ou deux. C’est infime et c’est pour ça que c’est important de travailler sur l’achalandage », a relaté Michel Leblanc.

Créer un engouement

Ainsi, un plan de relance a été concocté, qui commencera le 31 juillet et prolongera l’été jusqu’à la mi-octobre. Dans le respect des contraintes sanitaires, le plan prévoit l’installation de sept terrasses et de places publiques extérieures où les visiteurs pourront bénéficier d’animation culturelle, de musique d’ambiance et de prestations « épisodiques et spontanées ». Il s’agit de créer « un engouement », a souligné la mairesse Plante.

Mais la nature exacte des activités proposées (environ 200 spectacles) et leurs lieux de diffusion restent flous ; l’annonce d’une programmation risquerait d’entraîner des rassemblements qui doivent être évités, explique-t-on.

D’ailleurs, il est question d’une « programmation évolutive » en raison du risque d’une deuxième vague de COVID-19. Ainsi, il faudra consulter le site mtl.org pour savoir ce qui est proposé.

C’est un véritable défi, reconnaît Monique Simard, présidente du conseil d’administration du Partenariat du Quartier des spectacles. Selon elle, il faut permettre aux artistes de travailler – « car c’est tragique pour eux » – et offrir « quelque chose de différent » aux Montréalais, qui sont majoritairement encore à Montréal. Elle leur promet d’ailleurs des surprises. « C’est comme un laboratoire. On expérimente. On essaie des choses », a affirmé Mme Simard.

150 créateurs, 50 compagnies artistiques, 20 partenaires commerciaux

Chose certaine, plus de 150 artistes et créateurs animeront l’immense quadrilatère choisi, qui va d’ouest en est, de Papineau à Atwater, et du nord au sud, de la rue Sherbrooke jusqu’au fleuve. On retrouve également 50 compagnies artistiques et 20 partenaires commerciaux impliqués dans ce plan d’action. On promet des spectacles déambulatoires, un cabaret ambulant avec des performances musicales et théâtrales. Il y a déjà des balançoires dans le Quartier des spectacles et des tables de pique-nique peintes par des artistes sur la place centrale.

De son côté, Tourisme Montréal a lancé une campagne pour inciter les Montréalais à revenir au centre-ville : « Relancez l’été. Montréal repart. Soyez de la partie. »

Le mois dernier, la Chambre de commerce et le Partenariat du Quartier des spectacles ont publié un plan d’action pour stimuler l’activité économique du centre-ville, à la demande de l’administration montréalaise. L’annonce d’une somme de 400 000 $ permettra sa mise en œuvre. Les gouvernements provincial et fédéral sont également sollicités pour sortir le centre-ville du marasme provoqué par la pandémie.

« Plus on a de moyens financiers, plus on peut faire d’animation, plus on peut engager d’artistes. […] On a bon espoir que l’entente avec Québec se règle dans les prochains jours. Même chose avec le fédéral », a indiqué Valérie Plante, qui dit avoir décidé d’agir sans attendre compte tenu de l’« urgence » de la situation. « Il n’était pas question de rester les bras croisés », a-t-elle conclu.