(Montréal) En se faisant plus visible dans un esprit de prévention, la police de Montréal espère réduire la tension dans un parc où se retrouvent depuis longtemps les gens les plus marginalisés.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a bien sûr aussi comme objectif avec ses partenaires en santé et en services sociaux de mieux servir ces populations.

Avec ces conteneurs bleus qui viennent d’être installés sur la place Émilie-Gamelin, au centre-ville de Montréal, les intervenants espèrent établir un lien plus direct avec les personnes en situation d’itinérance ou à risque de le devenir.

Il y aura à tout le moins deux patrouilleurs du SPVM et des travailleurs sociaux dans ces installations, sept jours par semaine, en journée, pour notamment orienter des gens vers des ressources pour des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale.

Le poste de quartier 21 du SPVM, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et la Société de développement social forment cette alliance de l’« Équipe multidisciplinaire de concertation communautaire » — ou « E=MC2 ».

Cédric Couture, inspecteur au service de la gendarmerie Sud-Ouest du SPVM, a expliqué mardi en entrevue que la police de Montréal avait été l’instigatrice de ce projet, ayant fait le constat d’enjeux sociaux nécessitant un travail d’équipe plus soutenu.

« Parfois, la police n’a pas le choix de judiciariser quand on arrive là, mais souvent ces gens-là sont aussi victimes, ou simplement des personnes en détresse. C’est là qu’on fait un constat — le service de police — d’enjeux sociaux dont on ne peut pas s’occuper seul. Ça prend un travail d’équipe, ça prend tous les acteurs du milieu », a soutenu M. Couture.

« On veut réduire la tension dans ce parc-là, et en se faisant, on est convaincu qu’on va augmenter le sentiment de sécurité et réduire les incivilités et la criminalité », a-t-il ajouté.

Jason Champagne, directeur aux programmes en santé mentale et en dépendance du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, a aussi parlé d’« un lieu de référence pour les personnes qui n’ont pas tendance à aller vers les ressources ».

M. Champagne a souligné qu’il y aurait des intervenants spécialisés en matière de dépendances directement dans le parc.

« Notre mission première est d’améliorer leur état de santé, leur bien-être, de s’assurer qu’ils reçoivent les services requis par la situation. On a un CLSC à quelques coins de rue où on offre divers services, sans rendez-vous, médicaux, psychosociaux et en santé mentale », a-t-il relevé.

« On veut favoriser la cohabitation entre les riverains, les résidants, les commerçants qui sont au centre-ville et nos personnes en situation d’itinérance en période estivale », a poursuivi M. Champagne.

La place Émilie-Gamelin est un lieu « névralgique » pour des populations vulnérables, et le SPVM cherche à « maximiser son impact » dans ce secteur.

« En plus de leur condition de vie précaire, ces gens sont souvent aux prises avec des facteurs comme la toxicomanie, la santé mentale, la prostitution, l’exclusion. Parfois, ce sont aussi des gens qui sont complètement désaffiliés du système », a fait valoir M. Couture.

MM. Couture et Champagne ont dit vouloir examiner les résultats, mais ont parlé d’une initiative qui pourrait très bien être reproduite dans d’autres lieux.