Des militants pour le climat ont érigé un campement sur la place des Festivals, au centre-ville de Montréal.

Cette occupation s’est amorcée mercredi afin de réclamer l’adoption d’ici la fin de l’année d’un plan « pour une économie locale, sociale et carboneutre dès 2025 », et ce, par tous les ordres de gouvernement.

C’est maintenant ou jamais, tandis que la relance de l’économie est sur toutes les lèvres, fait valoir Gabriel, 26 ans.

Le moment est selon lui propice pour se mobiliser, avec l’accalmie entre le confinement et la deuxième vague de contagion attendue à l’automne.

Mais la pandémie ne tend pas que des embûches à leur mouvement, souligne Solène, 18 ans, car la COVID-19 a amené les gouvernements à démontrer leur capacité d’agir.

« Ils nous disaient tout le temps qu’arrêter l’économie, ralentir, ça ne se fait pas. Mais ils l’ont fait », relève-t-elle.

Noemi, 29 ans, réclame que les changements climatiques soient envisagés avec le même sérieux.

« En temps de COVID, les gouvernements nous ont demandé d’être patients, de respecter la science, d’être conciliants et d’être rigoureux avec les mesures sanitaires. Ce qu’on leur demande, ce qu’on exige en fait, c’est qu’ils aient cette même rigueur, ce même respect de la science vis-à-vis l’urgence climatique. »

« On parle d’environnement comme si c’était dissocié du reste, enchaîne-t-elle. La crise écologique, c’est aussi une crise sanitaire, alimentaire, migratoire. Ça va être une crise sociale. »

Charlotte, 22 ans, s’inquiète des réflexes du gouvernement de François Legault qui a cherché par son projet de loi 61 à accélérer la mise en chantier de projets d’infrastructure aux dépens du processus d’évaluation environnementale.

« Le gouvernement a profité de la première occasion pour s’en débarrasser pour faire rouler l’économie, s’indigne-t-elle. Mais quelle économie ? C’est une économie qui profite à qui ? Est-ce que c’est une économie qui est pérenne ? »

Neuf tentes étaient en place lors du passage de La Presse canadienne, samedi avant-midi.

Leur présence a jusqu’à maintenant été tolérée par les autorités et les militants sont soucieux de ne pas leur donner une raison de les déloger. Ils peuvent notamment compter sur l’expérience de Martin, 43 ans, qui avait été du mouvement Occupy en 2011.

Le campement se veut donc un espace sobre et une certaine distance est maintenue entre les tentes. Les occupants portent des masques, évitent de partager leurs repas et se lavent les mains à une station avec de l’eau et du savon ou encore avec du désinfectant. Des commerçants avoisinants leur donnent également accès aux toilettes, indiquent-ils.

L’initiative, baptisée « Wake up câlice », rallie un peu plus d’une dizaine de militants, certains venant parfois de l’extérieur de Montréal, précisent-ils.

Les citoyens sont invités à se joindre à eux, à les soutenir par des dons ou encore en leur apportant nourriture et équipement. La solidarité peut aussi se manifester par une simple visite, affirment les militants, qui disent être là pour rester.

« Évidemment, on ne pense pas qu’une dizaine de campeurs au centre-ville de Montréal vont faire bouger le gouvernement juste en étant là, dit Charlotte. Mais on espère que ça peut motiver un mouvement de contestation plus généralisé. »