Le Réseau de transport de Longueuil (RTL) a adopté un plan de compression de ses dépenses qui vise à réduire les coûts d’exploitation de plus de 8 % pour la seule année en cours, et qui aboutira « sûrement » à des mises à pied dans tous les services de l’entreprise, d’ici l’automne.

Jeudi dernier, le conseil d’administration du RTL a mandaté sa direction pour trouver des économies d’au moins 10 millions pour l’année en cours afin d’absorber une partie des pertes de revenus causées par l’effondrement de l’achalandage depuis le début de la pandémie de COVID-19.

En entrevue avec La Presse, le directeur général du RTL, Michel Veilleux, a affirmé mercredi que, « depuis le début, nous perdons environ 5 millions de revenus par mois. Avec les ajustements de services que nous avons faits, nous avons récupéré environ 1,2 million par mois. Nous gérons des fonds publics, on a la responsabilité d’intervenir et de diminuer le nombre des autobus qui circulent à vide ».

« On va donc s’asseoir avec nos syndicats pour examiner comment atteindre les cibles de réduction, ajoute M. Veilleux. Malheureusement, il va sûrement y avoir des mises à pied. On va examiner la possibilité d’un programme de départs anticipés à la retraite. »

Sans avancer de chiffres quant aux mises à pied probables, le directeur général a assuré qu’« en matière de personnel, on n’a pas fait quelque chose de cette ampleur-là depuis 30 ans, à l’époque de la réforme Ryan » (sur le financement des municipalités, qui avait entraîné une véritable saignée dans les services de transport collectif partout au Québec, en 1992).

Le RTL est la première des quatre sociétés de transport de la région de Montréal à annoncer des mises à pied et des compressions de dépenses en raison des impacts de la COVID-19 sur ses opérations quotidiennes.

Si on en croit les courriels adressés mercredi à La Presse (voir les capsules), aucune des trois autres sociétés de transport collectif de la région ne semble encline à suivre l’exemple du RTL, en attendant les demandes précises de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), responsable du financement de tous les services dans la région de Montréal.

Un trou de 523 millions

Depuis 2017, l’ARTM chapeaute les quatre sociétés de transport de la région de Montréal, finance leurs opérations en fonction de leur contrat de service respectif, fixe les tarifs et touche l’ensemble des revenus provenant des usagers. Dans son budget 2020, adopté avant la pandémie, l’ARTM prévoyait toucher un total de 968,5 millions en revenus des usagers de la STM, du RTL, de la STL et du réseau exo, responsable des trains de banlieue.

Or, avec le confinement, la généralisation du télétravail, la fermeture des écoles, des collèges et des universités, et de tous les commerces non essentiels, l’achalandage s’est effondré dans le métro, les trains de banlieue et les autobus, et avec lui, les revenus anticipés.

Le 18 juin, l’ARTM a estimé l’impact financier de la COVID-19 à 523 millions sur la seule année 2020. Sur trois ans, le manque à gagner pourrait atteindre 1 milliard.

Le même jour, Québec a annoncé une aide de 400 millions pour l’ensemble des sociétés de transport collectif du Québec, dont 340 millions pour la région de Montréal. Malgré cette aide de Québec, le manque à gagner pour financer les activités des quatre sociétés de transport s’élève toujours, selon les prévisions, à plus de 180 millions.

« L’ARTM et ses partenaires ont engagé des discussions afin de faire face aux défis financiers que pose la pandémie, et qui entraîne un manque à gagner substantiel dans le transport collectif », a indiqué l’Autorité, mercredi, dans un courriel à La Presse.

Différentes mesures visant à réduire les dépenses sont déjà planifiées ou mises en œuvre dans les sociétés de transport, en attendant « qu’un plan financier formel soit développé et entériné » par les autorités métropolitaines.

« Les cibles n’ont pas encore été fixées et pourraient varier selon l’évolution de la situation », a précisé l’ARTM.

Société de transport de Montréal (STM) : Pas de coupes

« Même si nous révisons nos façons de faire sur une base continue, la STM n’envisage pas de scénario de coupures pour des raisons de santé publique et de santé et sécurité au travail, afin de viser un niveau de charge acceptable à bord des autobus dans le contexte de la pandémie. L’offre de service de la STM sera donc maintenue en 2020 au niveau actuel », qui représente 80 % des services réguliers offerts sur le réseau de bus avant la pandémie et 100 % des services dans le métro. Quant à l’exercice d’optimisation, la STM estime qu’il « a déjà eu lieu au début de la crise et qu’il a été intégré dans notre plan de déconfinement, annoncé le 8 mai dernier ».

Société de transport de Laval (STL) : Éviter l’entassement

« La STL a reçu la demande de l’ARTM sur l’optimisation des dépenses. Au début de la crise, la STL a ajusté son service pour tenir compte de la baisse d’achalandage. Au [fil] de la croissance de l’achalandage, le service a été haussé. Nous sommes à plus de 50 % de l’achalandage par rapport à la même période l’an dernier, et selon les derniers sondages de satisfaction de la clientèle, 58 % des répondants se disent inquiets à l’idée de prendre l’autobus et une personne sur deux a comme préoccupation principale le non-respect de la distanciation physique entre passagers. Il serait donc mal avisé de procéder à une coupure de service dans ce contexte.

« Pour 2021, la STL n’envisage donc pas de coupure de service pour ses clients pour des raisons de santé publique. Nous tenons à éviter l’entassement dans nos autobus, d’autant plus que l’achalandage augmente plus rapidement que les scénarios optimistes envisagés. La STL fera un exercice pour limiter les dépenses, mais sans diminuer le service aux clients. Actuellement, il n’y a pas de scénario de coupures d’employés. »

Réseau exo : Une aide insuffisante

« Il est clair que l’aide financière accordée par les paliers de gouvernement supérieurs n’est pas suffisante pour couvrir les pertes de revenus actuelles au niveau du transport collectif de la région métropolitaine. En plus des pertes de revenus liées à la baisse d’achalandage, nous devons assumer des coûts importants liés aux mesures sanitaires, notamment le nettoyage de tous les véhicules. Nous confirmons que nous avons en effet des discussions avec l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) au sujet de la réduction des dépenses d’exploitation. Nous serons en mesure de préciser prochainement les impacts sur le niveau de services d’automne, pour 2021 ainsi que sur les projets. » Exo est le seul transporteur qui a repris, depuis le 1er juillet dernier, la perception et la validation des titres à bord de ses autobus.