L’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie entreprend de chasser le trafic de transit du cœur de son district en refoulant les automobilistes vers les grandes artères, comme l’avenue Papineau, la rue Saint-Denis, ou encore le boulevard Pie-IX.

Le concept consiste à délimiter neuf « superblocs » couvrant tout le Haut-Rosemont pour créer des rues dites « favorables au jeu libre et aux rues écoles ». Une idée qui a déjà soulevé un tollé dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, en 2011, quand l’ex-maire Luc Ferrandez avait proposé de dérouter la circulation vers certaines rues pour favoriser piétons et cyclistes.

Cette fois, avec le déconfinement prévu et la circulation qui a chuté, le maire de Rosemont croit qu’il est socialement acceptable de tenter le coup.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

François William Croteau, maire de Rosemont–La Petite-Patrie

Avec cette période de pandémie, c’est le meilleur moment pour expérimenter. Les gens utilisent moins la voiture. Tranquillement, on va trouver de nouvelles façons de se déplacer.

François William Croteau, maire de Rosemont–La Petite-Patrie

« On s’ajustera au fur et à mesure », précise M. Croteau.

Rues lentes

Une fois en place, les neuf superblocs formeront une sorte de mégabloc dans lequel différents panneaux de signalisation seront installés au cours des prochains jours enjoignant aux automobilistes de transit à rouler vers les grandes artères. Au nombre des quadrilatères, il y en a un, majeur, qui sera formé par la rue D’Iberville et les boulevards Saint-Michel, Rosemont et Saint-Joseph, dans le Vieux-Rosemont, tel que projeté sur une carte que La Presse a obtenue.

En temps normal, à l’heure de pointe, les automobilistes sont nombreux à passer par ces petites rues locales pour accéder au secteur Angus ou aux tours du centre-ville. Dorénavant, le Haut-Rosemont ne sera pas complètement interdit d’accès aux automobilistes, précise-t-on, mais les mesures en place seront extrêmement dissuasives pour la circulation de passage.

Place aux cyclistes

Le maire Croteau ajoute qu’il n’a pas l’intention de s’arrêter à ce qu’il appelle les superblocs.

Dans les prochaines semaines, l’arrondissement délimitera pas moins de 50 km de voies cyclables. L’objectif ultime reste le même : « Déambuler plus librement et en toute sécurité afin de profiter des parcs, des écoles, des services et commerces essentiels à pied et à vélo dans un rayon de 500 mètres. »

Grâce à ces initiatives, a affirmé le maire Croteau à La Presse, environ 200 km de rues de type résidentiel seront sécurisés pour bien vivre le déconfinement. Autour des écoles, l’arrondissement franchira un pas de plus en créant des rues piétonnes où les automobilistes seront dissuadés de circuler.

Pour éviter que les parcs ne soient pris d’assaut, on s’assure que les enfants qui n’ont pas accès à une ruelle, à une cour arrière, puissent profiter d’espaces de jeu sur rue.

François William Croteau, maire de Rosemont–La Petite-Patrie

Ailleurs en Amérique du Nord, notamment dans les villes de San Francisco, Oakland et Philadelphie, des centaines de kilomètres de rues deviennent interdites aux automobiles depuis le début du mois d’avril. Le phénomène est présenté comme une solution pour lutter contre la COVID-19.

Aperçu des 50 kilomètres de voies cyclables

Dès l'été prochain, des pistes protégées seront aménagées dans les rues de Bellechasse et Saint-Zotique Est. Le projet comprend la mise à sens unique d’une partie de ces rues pour sécuriser les déplacements actifs. Et, ensuite, le déploiement graduel de pistes cyclables dans plusieurs rues locales et artérielles du quartier : Saint-Urbain, Masson, Laurier, Dandurand.