La grande mezzanine qui surplombe les quais de la station McGill sur la ligne vertu du métro, est presque complètement déserte à 10 h du matin.

Tout autour, des portes tournantes des galeries ne tournent plus pour mener vers des magasins qui sont pour la plupart fermés. Dans les couloirs du métro, on peut entendre le bruit de ses propres pas comme dans une chambre d’écho, là où d’habitude le bruit de fond de milliers d’usagers pressés enterre tout.

À l’image de la ville qu’ils desservent, les transports en commun de la métropole sont au ralenti, mais pas fermés. Selon les chiffres de la société de transport de Montréal (STM), la fréquentation du métro a chuté de 70 %, cette semaine, par rapport à la moyenne des entrées quotidiennes en cette période de l’année.

Selon les données recueillies jeudi par La Presse, les autobus sont aussi quasiment déserts à Laval, dans l’agglomération de Longueuil et dans les couronnes de banlieue. C’est encore pire dans les trains de banlieue. Bien qu’on n’ait pas réalisé de décompte précis, on estime chez exo que l’achalandage des trains a diminué de 80 à 85 % selon les départs, par rapport à l’achalandage habituel des jours de semaine.

La fréquentation des réseaux de transports collectifs est souvent un indicateur de l’activité économique qui prévaut dans un territoire donné. Si c’est le cas, l’économie de la région de Montréal est bel et bien entrée « en état d’hibernation » comme le suggéraient jeudi les ministres économiques du gouvernement Legault.

Des autobus déserts

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

En banlieue nord, un porte-parole de la Société de transport de Laval (STL) a indiqué à La Presse que l’achalandage observé sur le réseau d’autobus de l’île Jésus, mardi dernier, était 62 % inférieur à celui du mardi précédent.

Au Réseau de transport de Longueuil (RTL), on estime que vendredi dernier, les usagers étaient environ 45 % moins nombreux dans ses autobus par rapport à un jour comparable de l’an dernier.

Au réseau exo, qui opère les services d’autobus dans les couronnes de banlieue, en plus des trains de banlieue, on estime que la clientèle représentait seulement environ 35 % à 40 % du nombre d’usagers habituels selon les secteurs municipaux. Les demandes de services de transport adapté ont quant à elles fondu de 80 %, selon exo.

À la STM, enfin, on ne peut pas estimer la diminution de l’achalandage sur le réseau de bus puisque depuis mardi, il n’y a plus aucune perception du tarif dans les véhicules, et donc, plus de décompte des passagers.

Comme dans tous les autres bus de la région métropolitaine, les usagers montent en effet par les portes arrière afin de protéger les chauffeurs qui seraient surexposés à une transmission de la COVID-19, si tout le monde passait à côté d’eux en montant par la porte avant. Les autobus sont ainsi, de facto, libres d’accès, mais on ne s’y bouscule pas pour autant. Il n’est pas difficile d’y respecter la distanciation sociale appropriée.

Des titres remboursés ?

Malgré l’effondrement général de l’achalandage dans l’ensemble des réseaux, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), responsable des tarifs et des niveaux de services dans l’ensemble de la région, n’a pas l’intention d’ordonner à la STM, au RTL, à la STL ou à exo de réduire leurs services, ou de passer à l’horaire d’été ou des jours fériés pour répondre à une demande réduite.

L’ARTM estime qu’une baisse des services entraînerait un entassement supplémentaire dans les véhicules de transports collectifs, à l’encontre des recommandations de distanciation sociale de la santé publique. Donc, on maintiendra le même niveau pour que les gens puissent rester le plus loin possible les uns des autres.

L’Autorité a par ailleurs révélé mercredi qu’elle « évalue la situation afin de déterminer ce qui sera fait » au sujet d’un éventuel remboursement complet ou partiel des titres de transport du mois de mars, qui resteront largement inutilisés.

« L’ARTM et ses partenaires sont conscients que la question des titres non utilisés est importante pour les usagers qui se sont prévalus d’un abonnement ou d’un titre mensuel au début du mois de mars et qui ont cessé de l’utiliser en suivant les directives du gouvernement du Québec ».

L’organisme — et ceci est important — demande toutefois aux usagers de ne pas prendre d’assaut les points de vente et services à la clientèle des sociétés de transport pour demander un remboursement, puisqu’aucune décision ne sera arrêtée avant plusieurs semaines, en cette matière.