Insatisfaits de l’état des négociations sur le renouvellement de leur convention collective avec la Ville, les cols bleus de Montréal haussent le ton. Des moyens de pression pourraient être déclenchés dès la semaine du 14 décembre prochain, en vertu d’un avis de grève qui vient d’être déposé.

« Nous sommes toujours à la table de négociation. Nous sommes toujours en médiation. Les cols bleus souhaitent l’obtention d’un nouveau contrat de travail qui est juste et qui respecte la prestation de travail qu’ils et elles fournissent au quotidien », a expliqué le président du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal (SCFP 301), Luc Bisson, dans un communiqué.

Le leader syndical, qui ne donnera aucune entrevue sur le sujet pour le moment, affirme que les discussions avec l’employeur « se poursuivent », mais avoue que ses troupes veulent « mettre un peu de pression pour faire avancer les choses ».

Mi-novembre, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire dans un cinéparc où une vidéo était projetée à l’écran, les cols bleus se sont prononcés à 97,2 % pour un mandat leur donnant le droit d’exercer des moyens de pression pouvant aller jusqu’à une grève générale illimitée. Près de 2850 personnes ont alors fait valoir leur droit de vote de leur voiture, pandémie oblige.

« Le mandat obtenu démontre que nous sommes mobilisés et déterminés », a réitéré M. Bisson vendredi. Il y a deux semaines, le porte-parole avait condamné que « malheureusement, les pourparlers piétinent » avec la municipalité, qui « ne semble pas vouloir négocier de bonne foi à la table de négociation », selon lui. Les cols bleus de Montréal sont sans contrat de travail depuis décembre 2017. Plus d’une soixantaine de séances de négociation ont déjà eu lieu, mais une entente n’a pas encore été trouvée par les deux parties.

« Aucune grève ne peut être déclenchée », dit la Ville

Devant « l’impasse des négociations », la Ville de Montréal dit avoir demandé l’aide d’un médiateur le 20 octobre dernier. Neuf rencontres ont eu lieu en sa présence. « Depuis, les parties ont fait des avancées importantes qui rejoignent les intérêts exprimés tant par les représentants de la Ville que ceux du syndicat », affirme la relationniste Marilyne Laroche Corbeil.

Les discussions progressent positivement. Des rencontres de négociations sont prévues d’ici le 18 décembre, en présence du médiateur.

Marilyne Laroche Corbeil, porte-parole de la Ville

Or, l’administration affirme que les représentants du syndicat ne l’ont pas informée du type de moyen de pression qu’ils entendent utiliser pour le moment. « Contrairement au communiqué de presse syndical, la Ville estime qu’aucune grève ne peut être déclenchée par le syndicat le 14 décembre. Un avis de grève doit être acheminé conformément aux dispositions du Code du travail », martèle Mme Laroche Corbeil.

Une porte-parole du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Lisa Djevahirdjian, a indiqué à La Presse que les cols bleus déposeront « au plus tard le 7 décembre prochain » une liste de « services essentiels » qui ne devront pas être affectés par la grève, afin de continuer à servir les citoyens.

Montréal rappelle que les parties disposent normalement de « sept jours francs pour négocier les services essentiels à partir du moment où le syndicat informera la Ville des services essentiels qu’il entend proposer, et ce, en fonction du type de moyen de pression qu’il entend utiliser ». Si une entente n’est pas possible à l’issue de ces discussions, c’est le Tribunal administratif du travail (TAT) qui devra trancher.