Valérie Plante a lancé un « cri du cœur » pour son règlement sur le logement inclusif, mardi avant-midi, juste avant que celui-ci franchisse une nouvelle étape vers son adoption par le conseil municipal.

Ces nouvelles règles obligeront les promoteurs immobiliers à intégrer davantage de logement social, de logement abordable et de logement familial dans leurs projets. Les promoteurs pourront aussi verser une compensation s’ils décident de ne pas intégrer ce type d’habitations dans leurs édifices.

L’administration Plante, qui défend cette réforme, affirme qu’il s’agit de la seule façon pour que les ménages et les familles modestes puissent continuer à habiter l’île de Montréal.

L’opposition croit plutôt que ce règlement haussera tellement le coûts des projets immobiliers que la classe moyenne ne pourra plus s’offrir un appartement et risque de se tourner vers la banlieue.

« Il est le temps d’agir »

Visiblement émue, la mairesse Plante a pris la parole pour défendre son projet de règlement.

« J’aimerais ça qu’on pense aux gens qui n’arrivent pas à se loger en ce moment », a-t-elle dit, disant vouloir lancer un « cri du cœur » aux membres du conseil municipal. « Les gens qui sont sur le bord de la rue Notre-Dame, les familles qui ont de la misère à se payer leur logement même s’ils ont tous les deux un bon salaire, c’est eux, la classe moyenne. C’est eux qui ont besoin de se loger, c’est eux qui ont besoin de nous. »

« Avoir laissé le marché fonctionner tout seul, clairement, ça n’a pas fonctionné », a-t-elle ajouté, rejetant l’étiquette de « socialiste » lancée au cours du débat. « On a nos devoirs, on a fait des compromis, mais là, il est le temps d’agir. »

« Il y a 150 000 ménages qui paient plus de 30 % de leurs revenus en logement en ce moment. C’est énorme. Il y a urgence d’agir », a ajouté Robert Beaudry, le porteur du dossier pour l’administration Plante. « Mes deux filles vont pouvoir se dire qu’elles vont pouvoir grandir à Montréal, étudier à Montréal, vivre à Montréal. »

« La classe moyenne, on va la faire fuir »

Lionel Perez, chef de l’opposition à l’hôtel de ville, s’est dit d’accord avec les objectifs généraux de la réforme. Le poids que ce nouveau règlement fera peser sur l’industrie du développement immobilier est toutefois trop grand, a-t-il fait valoir.

« Personne ne met en doute les besoins et l’importance d’aller de l’avant », a-t-il dit, tout en rejetant la solution proposée par Projet Montréal, majoritaire au conseil municipal.

« C’est une règle de base de l’économie : si ça coûte plus cher, le promoteur il va simplement ajouter ces coûts-là et les transférer au nouvel acheteur et donc ça va augmenter les prix à Montréal comparativement à d’autres villes », a-t-il dit. « Montréal ne travaille pas dans un vide. On ne peut pas penser que si on change les règles et on augmente les coûts, cela n’aura pas un impact sur le marché. Qu’il n’y aura pas un effet sur d’autres municipalités des couronnes nord et sud qui n’ont pas les mêmes exigences. […] La classe moyenne, on va la faire fuir. »