Le vaste chantier de réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine pourrait forcer jusqu’à 30 % des automobilistes à se rabattre sur le pont Jacques-Cartier si les mesures de transport collectif et de covoiturage ne sont pas fortement utilisées pendant les travaux, a prévenu mercredi le ministère des Transports du Québec (MTQ).

« À ce moment-là, on s’attendrait à ce qu’une autre portion se détourne vers les ponts Victoria ou Champlain. Mais ce n’est pas du tout souhaitable, d’où la mise en place de mesures d’atténuation qui soient les plus performantes possible », a indiqué Stéphane Audet, responsable des travaux du tunnel La Fontaine, qui s’échelonneront jusqu’en 2024.

Diminuer le nombre de déplacements automobiles individuels pendant les travaux sera en effet « le nerf de la guerre » selon lui. « Ça aurait un impact majeur sur le déroulement du projet. […] C’est ce qui est recherché », soutient-il à ce propos.

Pour y arriver, le MTQ a déjà annoncé son intention d’implanter des voies réservées aux bus et au covoiturage sur l’autoroute 20 vers Montréal, entre l’autoroute 30 et la route 132, ainsi que dans l’échangeur Anjou. On ignore jusqu’ici le nombre minimal de personnes qui devront être dans le véhicule. Le MTQ n’exclut pas, par ailleurs, de revoir sa programmation de voies réservées si la demande évoluait.

On ne prévoit pas que les voies réservées se prolongent dans le tunnel, mais si la demande l’exige – le transport collectif étant en mouvance –, ça pourrait probablement être une option plus tard.

Stéphane Audet, responsable du projet Louis-Hippolyte-La Fontaine

Il est aussi prévu de « surveiller au quotidien » l’achalandage des lignes de bus pour réajuster le tir au besoin. « Le trafic est une chose vivante et organique », a souligné le porte-parole du ministère, Gilles Payer, en ajoutant que l’influence du Réseau express métropolitain (REM), dès la fin 2021, sera « évaluée de très près ». D’ici là, environ 850 places doivent être ajoutées dans trois stationnements incitatifs, soit De Mortagne (+350), Belœil (+150) et De Montarville (+350).

« Pas question » de repousser

Plus tôt, mercredi, Montréal a choisi de reporter à l’an prochain 20 des 64 chantiers majeurs sur lesquels elle a juridiction, afin de « donner un peu de répit » à la population. Leur suspension permettrait de réduire les entraves de 41 %, selon la Ville. « Les gens sont fatigués. Nos vies ont été chamboulées à différents niveaux, et on le comprend. Je pense que c’était nécessaire », a martelé la mairesse Valérie Plante.

Mais Québec n’entend pas imiter Montréal pour ses grands travaux, dont le tunnel La Fontaine. « Le gouvernement a pris le pari inverse, soit d’accélérer les investissements pour favoriser la reprise économique. On ne peut pas se permettre de reporter ces travaux », a rétorqué Stéphane Audet. Il affirme que le dialogue entre les intervenants est toutefois primordial. « On se parle, on se coordonne, on reporte certaines interventions, on en devance d’autres. On est tous conscients des impacts », note-t-il.

Fin juillet, Québec annonçait la signature d’un contrat avec la firme Renouveau La Fontaine pour la conception, la construction et le financement du projet de réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Le coût du contrat est de 1,142 milliard. Le gouvernement du Canada y contribue avec 427,7 millions, alors que Montréal et Boucherville apportent une contribution respective de 3 millions et de 1,1 million.

Le début des « entraves majeures » est prévu pour 2022, sur deux ans. On procédera alors à des fermetures de longue durée d’une voie dans le tunnel ou encore à des « fermetures spéciales » d’un tube complet. Le MTQ prévoit aussi des interruptions « fréquentes » la fin de semaine et la nuit.