La Chambre de commerce veut des tramways à Montréal et à Longueuil pour faciliter la vie des travailleurs de plus en plus nombreux à travailler en dehors du centre-ville.

Une étude publiée ce jeudi par l’organisation pointe les frustrations de ceux qui ne peuvent compter sur les transports en commun parce que leur lieu de travail excentré est mal desservi et qui doivent se frotter chaque jour à la congestion routière.

Parmi les « pistes de solution » que le document cible se trouve le prolongement de la ligne bleue vers Anjou, mais aussi la mise en chantier de « transport collectif électrique [lignes de bus et tramway] » à Montréal et le « projet tramway est-ouest (LÉEO) à Longueuil ». Cette dernière idée, annoncée en février dernier par la mairesse Sylvie Parent, n’a pas encore reçu le feu vert initial de Québec.

« Les gouvernements ont un rôle à jouer pour améliorer la desserte de transport collectif dans les pôles d’emploi moins bien desservis », explique la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). « À cet égard, l’amorce rapide de plusieurs projets du Plan québécois des infrastructures 2020-2030 (PQI) du gouvernement du Québec sera déterminante pour améliorer l’état du transport collectif dans les pôles d’emploi hors centre-ville. »

Le document pose l’hypothèse qu’avec l’exode vers la banlieue qui se poursuit et la multiplication des pôles économiques excentrés, la congestion et la frustration qu’elle génère iront croissant.

Vaste insatisfaction sur la mobilité

L’organisation a sondé un millier de travailleurs de la région pour en arriver à un constat frappant : les trois quarts de ceux qui travaillent au centre-ville utilisent les transports en commun, mais les trois quarts de ceux qui travaillent ailleurs utilisent l’automobile. Ces derniers se plaignent à la fois de la congestion et du manque de solutions de rechange.

« Plus de 80 % des travailleurs montréalais ressentent des effets négatifs de la congestion routière et [ou] d’une desserte en transport en commun non optimale », conclut le coup de sonde. « Quarante et un pour cent des travailleurs montréalais ressentent des effets négatifs dans leur vie personnelle/familiale » et « un tiers des travailleurs montréalais ressentent des effets négatifs dans leur vie professionnelle ». Concrètement, « 14 % des travailleurs sondés ont indiqué arriver en retard au travail plus d’une fois par semaine et 23 % ont des retards occasionnels [c’est-à-dire une à trois fois par mois] ».

Sur le plan des solutions à l’échelle de chaque entreprise, les travailleurs aimeraient se voir offrir des accommodements, comme des horaires de travail flexibles afin d’éviter l’heure de pointe, ainsi que la capacité de télétravailler. Certains voudraient aussi que leur employeur leur offre leurs titres de transport en commun ou ouvre des bureaux satellites pour raccourcir leur trajet.

« Quatre-vingt-sept pour cent des entreprises du Grand Montréal ont lancé au moins une initiative pour améliorer la mobilité de leurs employés », avance le document, sur la base d’entrevues effectuées avec 500 employeurs. Les deux solutions préférées des travailleurs, soit la flexibilité des horaires et la possibilité de travailler à distance, sont « les mesures les plus fréquemment mises en place par les employeurs ».

La collecte des données a été effectuée en février dernier, avant que la pandémie de COVID-19 transforme le quotidien de tout un chacun, mais ses conclusions demeurent pertinentes, plaide la CCMM. La crise a « le potentiel d’accentuer les entraves à la mobilité, puisque des usagers des transports en commun pourraient être tentés de privilégier l’utilisation de la voiture étant donné les risques de contamination, ce qui intensifierait la congestion routière », selon l’étude. Le télétravail est aussi impossible pour de nombreux emplois concentrés dans des parcs industriels auxquels l’accès en transports en commun est déjà difficile, ajoute-t-elle.