Le gouvernement Legault entend réaliser les premiers tronçons de son vaste Réseau métropolitain de voies réservées (RMVR) d’ici la « fin du mandat en cours », soit en 2022. Aucune voie de circulation ne sera supprimée dans le processus, promet Québec.

« Il faut que l’automobiliste voit bien qu’au-delà de cette annonce, on est capables de livrer la marchandise, qu’il y a une offre additionnelle », a martelé le ministre des Transports, François Bonnardel, mercredi.

Plus tôt, La Presse révélait que Québec lancera un premier appel d’offres pour implanter de nouvelles voies réservées sur les routes achalandées du Grand Montréal. Les bus et les covoitureurs devraient pouvoir accéder à ces nouvelles voies. D’ici là, une étude d’opportunité sera effectuée sur cinq ans pour « préciser les besoins ». M. Bonnardel n’exclut pas d’ouvrir l’accès aux « véhicules verts ».

Divers axes routiers sont concernés, dont les autoroutes 13, 20, 25, 440 et 640, ainsi que la route 116. Le projet se reliera aussi aux projets touchant les autoroutes 15, 19, 30 et la route 132, ainsi qu’à d’autres modes de transport déjà à l’étude. Au total, le réseau totalisera 200 km, et d’autres tronçons pourraient être étudiés.

Aucune voie en moins

Interrogé à savoir si le projet retirera des voies de circulation déjà existantes aux automobilistes, le ministre Bonnardel s’est fait catégorique. « Il n’est pas question pour moi de vol de voies. C’est un ajout que je souhaite avoir, donc de nouvelles voies dédiées », a-t-il dit.

Québec, dont l’objectif avoué est de « changer les habitudes des automobilistes », affirme qu’il est prématuré de chiffrer le coût de ces nouvelles voies réservées. « Chose certaine, ce ne sera pas un concept mur-à-mur », a promis M. Bonnardel, en promettant de travailler avec toutes les sociétés de transport.

Si l’automobiliste voit un autobus ou un véhicule de covoiturage qui file à 100 km/h pendant que lui est dans le trafic à 60 km/h, il va se dire qu’il perd son temps.

François Bonnardel, ministre des Transports

À ses côtés, la ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, a souligné que « l’offre de services actuels n’est pas uniforme sur le territoire de Montréal ». « C’est toutes les régions qui vont en sortir gagnantes, ainsi que l’ensemble du Québec », a-t-elle ajouté.

« C’est une bonne nouvelle, mais il faut noter que sur la plupart de ces autoroutes, il n’y a pas de lignes d’autobus. On va devoir en tenir compte pour ajuster la demande », affirme de son côté le président de Trajectoire Québec, François Pepin.

Longueuil et Laval applaudissent, Montréal absente

« On franchit une étape importante pour lutter contre la congestion. Le constat est simple : sans fluidité, il n’y aura pas de prospérité », a réagi la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, en marge de l’annonce.

Son administration affirme qu’avec l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM), il faudra « arriver à connecter » ces voies réservées avec les nouvelles stations. « La croissance ne s’arrêtera pas là », a rajouté Mme Parent, vantant les « projets de développement qui changeront Longueuil » dans les prochaines années.

Même son de cloche pour le maire de Laval, Marc Demers, pour qui l’arrivée de ces voies réservées est un « grand cadeau ». « C’est un engagement super important », a-t-il souligné, rappelant qu’en avril 2018, 19 villes, dont la sienne, avaient déjà formulé ces demandes.

La mairesse de Montréal Valérie Plante, elle, brillait par son absence mercredi. « Les annonces étaient principalement pour les banlieues. De plus, la Ville fait sa propre planification des voies réservées », a justifié sa porte-parole, Geneviève Jutras. Celle-ci salue ce plan qui réduira la congestion dans les banlieues, « qui en ont bien besoin ». « Il faut maintenant s’assurer de décongestionner le réseau de transport collectif du centre-ville afin de répondre à cette nouvelle demande », lâche-t-elle.