Qui dit saison estivale dit piscines publiques bondées. Mais à Saint-Lambert, une pataugeoire qui devait ouvrir l’an dernier, au parc Lespérance, cause bien des maux de tête à des parents et à des enfants. Non seulement elle n’est toujours pas ouverte, en raison d’un système de filtration déficient, mais surtout, les ratés du projet témoignent d’un profond manque de communication de la part des autorités, selon des citoyens.

« C’est très frustrant parce qu’il n’y a aucune transparence. Si on comprenait mieux les tenants et aboutissants, on accepterait peut-être plus les problèmes. Là, on est vraiment dans le noir. Pour moi, ce manque de communication à la Ville, c’est un problème récurrent. On ne nous explique jamais rien », martèle la Lambertoise Virginie Dostie.

Même son de cloche chez Maxime Léveillé, qui est consterné par l’attitude de l’administration municipale. « On n’est juste pas informés de ce qui se passe. Et chaque fois qu’on veut poser des questions, on nous redirige vers d’autres départements. Il y a une forme d’immobilisme politique qui me dérange », dit le pompier d’expérience.

Initialement prévue pour le début de l’été 2019, la pataugeoire du parc Lespérance avait finalement été livrée en retard de quelques mois. Le hic : les autorités se sont aperçues que l’eau qui remplissait la piscine était noire, les branchements ayant été mal effectués. La pataugeoire a donc été refermée peu après.

C’est bon pour la pataugeoire, mais c’est aussi bon pour le centre des loisirs qui a pris huit ans à se construire. C’est toujours comme ça. Et étant donné qu’on ne sait rien, on ne peut pas juger.

Maxime Léveillé, résidant de Saint-Lambert

La porte-parole de la Ville, Joannie Laplante, admet que des défis s’imposent, mais assure que le travail continue en vue d’une réouverture. « Il y a effectivement une problématique avec le fonctionnement du système de filtration à la pataugeoire Lespérance. Nous sommes en pourparlers avec l’entrepreneur […] pour évaluer la situation dans le but de corriger la problématique rapidement », indique-t-elle.

Dans le quartier, toutefois, l’enthousiasme n’y est plus. La nouvelle pataugeoire, en plus d’être livrée en retard, remplacera une piscine qui était beaucoup plus grande à l’origine. « Avant, on avait un grand espace pour amener nos enfants et se baigner de façon sécuritaire. Là, ce qu’ils nous ont fait, c’est un petit trou d’eau. Il n’y a rien à comprendre », relate une autre résidante, Marie-Josée Bazinet.

Une mauvaise gestion dénoncée

Aux yeux d’Amélie Léveillé, qui habite tout près du parc Lespérance, la mauvaise gestion dans ce dossier ne fait aucun doute. « Je suis vraiment fâchée contre la Ville. Déjà, l’an dernier, on leur avait demandé d’attendre à l’automne pour démarrer le chantier, pour ne pas enlever ça aux enfants. Personne ne nous a écoutés », s’indigne-t-elle.

Pour se rafraîchir, les jeunes des camps de jour et des garderies doivent actuellement se rendre à pied à la piscine du parc de la Voie-Maritime. « On nous dit à la Ville qu’il y a d’autres bassins disponibles, mais il faut aussi savoir qu’ils ont réduit le nombre d’installations ouvertes. Ce n’est pas tout le monde qui a la possibilité de se déplacer rapidement non plus », observe Mme Léveillé.

Bernard Rodrigue, conseiller municipal du district 3, est du même avis. Le plus scandaleux, dit-il, est que les services n’aient « même pas encore été livrés » au parc Lespérance, alors que sa réfection a coûté plus cher que prévu. Dans un règlement d’emprunt voté en août 2017, le réaménagement du parc, qui inclut la nouvelle pataugeoire, avait d’abord été évalué à presque 2,3 millions de dollars. « Aujourd’hui, on est rendu à plus de 3,5 millions avec l’asphaltage du terrain de stationnement. Ça a presque doublé, ce n’est pas normal », dit M. Rodrigue.

Il y a plusieurs projets qui fonctionnent comme ça depuis quelques années à Saint-Lambert. C’est une culture du dépassement de coûts qui est très préoccupante.

Bernard Rodrigue, conseiller municipal du district 3

« Il faut être plus proactif »

Aux yeux du conseiller indépendant du district 5 de Saint-Lambert, Loïc Blancquaert, le manque de communication de la Ville cause plusieurs problèmes avec la population, le dossier de la pataugeoire n’étant que la pointe de l’iceberg, selon lui.

« Il n’y a jamais eu de dialogue clair sur les motifs de la fermeture. Par le passé, il y a aussi plusieurs ratés de communication qui se sont accumulés. L’avantage d’un gouvernement de proximité, c’est pourtant d’être proche des gens. C’est clair qu’il va falloir être beaucoup plus proactif à l’avenir », soutient-il.

Jusqu’ici, aucun échéancier précis pour la réouverture de la pataugeoire n’a été présenté à la population. Les autorités doivent entre autres procéder à des tests de qualité de l’eau avant de donner leur feu vert. « Les citoyens ont raison de se questionner, conclut M. Blancquaert. Des problèmes, ça arrive, mais il faut au moins savoir les communiquer. »

Rectificatif : Dans une version antérieure de cet article, nous avons omis de préciser que Bernard Rodrigue est conseiller municipal à Saint-Lambert. Nos excuses.