Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, veut que les interpellations effectuées par ses policiers dans le futur « soient basées sur des fondements ».

Dans la foulée du décès de George Floyd aux États-Unis, de la lettre de l’un de ses commandants, Patrice Vilcéus, qui invite la direction du SPVM à adopter des mesures concrètes pour lutter contre le racisme et le profilage racial au sein de la police de Montréal, et de la manifestation contre le racisme prévue dimanche dans la métropole, le directeur Caron a senti le besoin de rencontrer les journalistes ce matin.

Il a notamment annoncé, le 8 juillet prochain, la présentation à la population montréalaise du premier volet d’une nouvelle politique à venir en matière d’interpellation au SPVM.

« Un rapport sur le profilage racial au SPVM a fait état de biais systémiques. Nous sommes à la croisée des chemins. On veut que le travail des policiers et policières soit exempt de racisme et de profilage racial. On veut que les interpellations soient effectuées sur des fondements. Probablement qu’il y a eu des actes de racisme et de profilage racial au sein de notre organisation, mais quotidiennement, il y a de bons gestes qui sont posés par nos policiers et policières », a déclaré M.  Caron.

Selon le directeur, les événements survenus aux États-Unis ont devancé la présentation de la nouvelle politique d’interpellation au SPVM, mais elle ne sera pas appliquée immédiatement. Après la présentation du 8 juillet, un mandat sera donné à des chercheurs pour améliorer encore davantage la politique et une fois adopté, les policiers et policières du SPVM seront formés pour l’appliquer.

Marchera-t-il ? Ne marchera-t-il pas ?

M. Caron a par ailleurs demandé aux organisateurs de la marche contre le racisme prévue dimanche de l’inviter pour discuter et répondre à leurs questions. Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il allait marcher avec les manifestants, M. Caron ne l’a pas exclu.

« Selon la volonté des organisateurs. Je vais attendre leur invitation », a-t-il dit.

« Et est-ce que vos policiers pourraient faire comme des policiers américains et poser un genou au sol en guise de solidarité avec les manifestants ? », a demandé un autre reporter.

« Cela appartient à chacun des policiers. Si on me demande de faire un geste quelconque, je le ferai au moment opportun, avec les gens concernés si les gens veulent bien m’inviter », a-t-il répondu.

Quant à la lettre du commandant Vilcéus implorant le SPVM de poser des gestes concrets pour mettre fin au racisme et au profilage racial, le directeur Caron a déclaré qu’il la considérait comme un message invitant le SPVM à continuer le travail déjà accompli.

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Questionné sur les casseurs qui ont profité de la manifestation de dimanche dernier pour vandaliser et dévaliser des commerces, Sylvain Caron a admis que tout ce que les policiers pouvaient faire, c’est assurer une présence, pour sécuriser les manifestants, et qu’il était difficile pour la police de contenir les casseurs avant que la situation explose.

M. Caron s’est dit choqué de la mort de George Floyd aux États-Unis et a joint son « indignation » à celle de la population montréalaise. « Je comprends le désarroi de la population. Le SPVM est déjà en marche pour améliorer la situation », a-t-il ajouté.

Il n’a pas écarté que les policiers et policières du SPVM soient éventuellement munis de caméras corporelles.

« C’est un outil parmi tant d’autres. Mais les caméras corporelles ont leurs limites. Est-ce que ça va tout régler ? Non. Est-ce que ça va en régler une partie ? Oui. On va s’inscrire dans cette nouveauté-là. On est rendu là en 2020 », a-t-il affirmé.

Selon M. Caron, 13 % des policières et policières du SPVM sont actuellement issus des communautés culturelles. Il n’a pas pu dire exactement combien proviennent de la communauté noire.

Cette question d’une plus grande embauche d’hommes et de femmes issus des communautés culturelles ne sera pas abordée dans la nouvelle politique d’interpellation qui sera présentée en juillet, mais Sylvain Caron a tout de même dit que le SPVM va travailler « fort » pour améliorer le recrutement chez les minorités ethniques.

Questionné sur les casseurs qui ont profité de la manifestation de dimanche dernier pour vandaliser et dévaliser des commerces, M. Caron a admis que tout ce que les policiers pouvaient faire, c’est assurer une présence, pour sécuriser les manifestants, et qu’il était difficile pour la police de contenir les casseurs avant que la situation explose. Il a invité la population à manifester dans le calme en fin de semaine et a dit espérer que le fait que la manifestation de dimanche se tienne en plein jour ralentira peut-être les ardeurs des casseurs.

« Nous sommes heureux de la décision du SPVM de dévoiler sa politique d’interpellation le 8 juillet prochain. À la suite des déclarations de l’administration Plante au cours de la semaine, on croyait que cette politique d’interpellation ne serait dévoilée qu’à l’automne. Pour nous, il est évident que cette décision du SPVM repose en grande partie sur la motion présentée par les élus d’Ensemble Montréal et adoptée en début de semaine dans cinq arrondissements, et qui demandait au SPVM de publier rapidement sa politique d’interpellation et d’implanter les caméras portatives auprès de ses agents », a réagi Lionel Perez, chef de l’Opposition officielle à l’Hôtel de ville de Montréal et chef d’Ensemble Montréal.

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