La clientèle des trains de banlieue et des autobus métropolitains devrait être réduite de moitié, par rapport à ce qu’elle était avant la pandémie de COVID-19 lors de la rentrée de septembre prochain, selon les scénarios les plus probables à l’étude au réseau exo.

Dans une entrevue avec La Presse, le directeur général du réseau, Sylvain Yelle, a estimé qu’il faudrait un certain temps pour rebâtir le lien de confiance avec les usagers et « des mesures très fortes », sur le plan sanitaire, pour convaincre la clientèle que l’organisation « fait tout ce qu’il faut pour qu’il n’y ait pas de transmission du virus dans [ses] véhicules ».

Depuis le début du confinement général ordonné par Québec, à la mi-mars, la fréquentation des trains de banlieue de la métropole s’est effondrée, comme dans tous les réseaux de transport collectif. Avec les données fraîches du jour en main, M. Yelle s’est étonné, mercredi, d’un achalandage représentant à peine 7 % de celui de l’an dernier, à pareille date. « C’est en légère augmentation cette semaine. »

Dans les autobus, qui fonctionnent depuis des semaines sur un horaire de week-end, la fréquentation se maintient à environ 20 % de la clientèle habituelle. 

14 millions : pertes mensuelles de revenus tarifaires pour le réseau exo depuis la mi-mars

« Nous sommes en train d’étudier des scénarios d’offre de services pour l’automne prochain, et dans nos hypothèses, on s’attend à ce que la clientèle remonte à 50 %, ou peut-être 75 % de ce qu’elle était avant la pandémie, affirme le directeur général d’exo. Honnêtement, on n’attend pas une reprise à 100 %. On est plus dans des scénarios de 50 % d’avant la COVID-19 pour la rentrée. »

Assemblée virtuelle

Jeudi, à la faveur d’une assemblée publique « virtuelle », la seule de l’année pour le réseau exo, M. Yelle déposera le bilan des activités du réseau pour 2019 et brossera un portrait de la situation actuelle du réseau de transport collectif, plongé dans une sorte d’urgence perpétuelle depuis le début de cette année.

Pour exo, 2020 devait commencer par la fermeture définitive de la ligne de train de banlieue de Deux-Montagnes. Elle a finalement été reportée (deux fois) de presque quatre mois, forçant les gestionnaires à renégocier des contrats d’entretien général des quais ou de déneigement des stationnements à trois semaines d’avis, et en plein temps des Fêtes, parce que tous ces contrats devaient se terminer avec la fin de la ligne.

Un mois plus tard, une manifestation des Wet’suwet’en de Colombie-Britannique se transformait en blocus ferroviaire national, forçant l’interruption complète de la ligne de train de Candiac et la mise en place d’urgence de navettes par autobus. Et alors que le blocus prenait fin, la pandémie était déjà bien installée au Québec, et les services de transport collectif ont tous été massivement désertés.

« Nous avons arrêté tous les projets qui pouvaient l’être, dit le directeur général. On a gelé l’embauche. Sauf pour les gens de terrain qui sont à leur poste [dans les gares, les stationnements], tout le monde est en télétravail, et on optimise au maximum les dépenses. En ce moment, on ne fait rien d’autre que le strict minium pour maintenir les activités en attendant d’avoir des orientations pour la suite des choses. »

Capacité de s’adapter

Mais les trains et les autobus sont prêts au service, assure-t-il. 

On attend le retour de nos clients avec impatience. On est confiants que ça va revenir. Quand ? On pense qu’on en a encore pour un petit bout comme ça. Mais on va être là.

Sylvain Yelle, directeur général du réseau exo

« Si cette année a démontré une chose, jusqu’à maintenant, c’est qu’en tant qu’organisation, on a acquis une grande capacité à nous adapter à n’importe quelle situation », poursuit M. Yelle. 

Depuis des semaines, tous les autobus mis en circulation sur les routes d’exo dans les banlieues nord et sud de la métropole sont nettoyés quotidiennement, de même que les voitures de trains de banlieue. Les barres de maintien, les poignées de sièges, tous les éléments fréquemment touchés par les usagers sont désinfectés chaque jour. Dans les trains, dit M. Yelle, on applique même un enduit sur les barres de maintien qui empêche le virus de coller en surface.

Avec la distribution gratuite de couvre-visage aux usagers, en collaboration avec les autres sociétés de transport du territoire métropolitain, le réseau exo veut assurer à ses usagers que le retour dans ses trains et autobus sera « parfaitement sécuritaire ».

Horaire d’été

Les services d’autobus dans les municipalités desservies par exo seront maintenus à leur rythme actuel durant tout l’été, et les trains de banlieue seront un peu moins nombreux, et raccourcis, à partir du 22 juin. Cet horaire estival, présenté à la demande de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), entraînera la suppression de quelques départs sur le réseau de train. Mais la différence la plus perceptible pour les usagers devrait être la taille réduite des trains, avec moins de voitures. Les services d’autobus seront quant à eux maintenus tout l’été au niveau actuel – qui correspond à un horaire normal de week-end.

Nouvelles voitures et autres projets

  • Des changements exigés par exo, dont la fabrication des sièges, avaient déjà contribué au retard de livraison de plus d’un an de ces nouvelles voitures. La pandémie de COVID-19, qui a commencé en Chine avant de s’étendre au monde entier, a prolongé les délais de quelques mois.

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR EXO

    Des changements exigés par exo, dont la fabrication des sièges, avaient déjà contribué au retard de livraison de plus d’un an de ces nouvelles voitures. La pandémie de COVID-19, qui a commencé en Chine avant de s’étendre au monde entier, a prolongé les délais de quelques mois.

  • Les voitures loges seront équipées d’un cabinet de toilette entièrement accessible et leurs sièges à strapontin permettront d’accueillir sans difficulté les personnes à mobilité réduite.

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR EXO

    Les voitures loges seront équipées d’un cabinet de toilette entièrement accessible et leurs sièges à strapontin permettront d’accueillir sans difficulté les personnes à mobilité réduite.

  • Illustration d’une des nouvelles voitures loges attendues par le réseau exo d’ici la fin de 2020. Des 24 voitures commandées à la société chinoise CRRC, 4 sont des voitures loges munies d’un poste de conduite. Exo a exercé l’option pour une commande de 20 autres voitures, dont quatre loges.

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR EXO

    Illustration d’une des nouvelles voitures loges attendues par le réseau exo d’ici la fin de 2020. Des 24 voitures commandées à la société chinoise CRRC, 4 sont des voitures loges munies d’un poste de conduite. Exo a exercé l’option pour une commande de 20 autres voitures, dont quatre loges.

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Même si ses bureaux du centre-ville sont vides depuis des mois et qu’un grand nombre de projets sont mis sur la glace, des dossiers chers aux usagers d’exo progressent, malgré la COVID-19. La construction de la nouvelle gare de Mirabel, sur la ligne de train de Saint-Jérôme, a repris récemment, et les travaux pourraient être terminés à la fin de 2020 (si aucune autre « situation » ne survient). La construction d’un nouveau stationnement au terminus Vaudreuil achève. Les usagers du transport adapté seront les premiers à bénéficier d’un nouveau système uniforme d’aide à l’exploitation et d’information en temps réel sur l’ensemble du territoire d’exo. Le directeur général n’a toutefois pas voulu s’avancer sur une date de livraison pour les 24 voitures de train construites par la société chinoise CRRC en raison de la progression imprévisible de la pandémie et de ses conséquences, tant ici qu’en Chine.