Trois des six élus que compte la deuxième opposition à l’hôtel de ville de Laval seraient visés par des enquêtes policières et administratives qui ont provoqué, lundi, une crise interne.

En soirée, David De Cotis, Isabella Tassoni et Paolo Galati ont annoncé leur retrait du caucus du parti Action Laval pour ne pas « perturber le travail essentiel » de leurs collègues. 

Par voie de communiqué, les trois élus ont offert leur collaboration aux « différentes instances » afin d’éclaircir la situation. 

Le chef intérimaire du parti Action Laval, Achille Cifelli, a dit accepter la décision. Plus tôt lundi, M. Cifelli disait maintenant sa confiance « pour le moment ». Le porte-parole du parti à l’hôtel de Ville, le conseiller municipal Michel Poissant, disait pour sa part que « des mesures seront prises en temps requis ». 

Vérifications éthiques

La tourmente provient d’un dossier immobilier. Les conseillers municipaux David De Cotis, Isabella Tassoni et Paolo Galati seraient tous trois la cible de vérifications éthiques de la part de la Commission municipale du Québec (CMQ) pour avoir omis de ou tardé à déclarer des intérêts personnels. M. De Cotis et Mme Tassoni sont propriétaires de terrains dans un boisé, dans le quartier Auteuil, et M. Galati a des intérêts dans une entreprise d’investissement immobilier.

De plus, M. De Cotis ferait l’objet d’une enquête policière pour laquelle l’Unité permanente anticorruption (UPAC) et le Service de police de Laval collaboreraient, a révélé lundi Le Journal de Montréal. M. De Cotis serait intervenu en 2014 auprès de l’ancien chef de cabinet du maire Marc Demers, Gilbert Gardner, pour que « la ville entreprenne l’implantation des services municipaux sur la rue De Nivelles sans jamais m’informer qu’il avait des intérêts directement ou indirectement dans ce développement », peut-on lire dans un courriel de M. Gardner publié par Le Journal de Montréal.

De Cotis dit n’avoir rien à se reprocher

David De Cotis a une autre version des faits. Joint par La Presse, l’ancien bras droit du maire de Laval jusqu’en juin 2018 nie avoir tenté d’user de son influence. Il raconte avoir demandé des renseignements à M. Gardner une seule fois, pour répondre au questionnement d’un propriétaire lavallois. Il était question de savoir si la Ville entendait investir dans des infrastructures afin de développer le secteur.

M. De Cotis soutient avoir mentionné que son épouse et lui avaient des terrains dans le secteur. « Marc Demers et M. Gardner étaient au courant », affirme M. De Cotis. « J’ai posé une question, et M. Gardner a répondu. C’est ce que j’ai transmis au citoyen. Ça, c’est le début et la fin de toute cette histoire-là », ajoute-t-il. « Il n’y a pas de corruption ou de collusion ! », s’exclame-t-il en soulignant qu’il n’y a eu, de fait, aucun développement résidentiel.

David De Cotis a demandé un avis légal pour contrer ce qu’il croit être une attaque provenant du maire Demers. Ce dernier a participé au reportage du Journal de Montréal en affirmant que le Bureau d’intégrité et d’éthique de Laval-Terrebonne (BIELT) avait reçu un signalement, note M. De Cotis.

Sur la défensive, le BIELT et le Service de police de Laval affirment n’avoir « rien communiqué au maire de Laval ». « C’est étanche entre l’hôtel de ville et nous. On ne parle pas de nos enquêtes », indique la directrice des communications, Martine Caza.

À la Ville de Laval, on explique toutefois que le BIELT relève de la police pour les enquêtes, mais doit répondre au directeur général de Laval sur le plan administratif. « Il arrive que le directeur général doive informer le maire et les élus, avant la prise d’une décision, qu’il y a une enquête en cours », cite en exemple, sans toutefois faire le lien direct avec le présent dossier immobilier, Anne-Marie Braconnier des communications de la Ville.

Le maire Demers, lui, s’est borné à publier quelques phrases sur Facebook, disant que « cette affaire [le] trouble au plus haut point ». Le cabinet de M. Demers n’a pas expliqué à La Presse comment le maire sait qu’il y a des enquêtes.