Plus de pistes cyclables, plus de vélos électriques, plus de places publiques, plus de circuits d’autobus… Enclavée dans Montréal, la Ville de Westmount compte adopter d’ici deux ans un nouveau plan d’urbanisme pour se mettre à l’heure des changements climatiques.

La vision

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Le parc Westmount

Les plans d’urbanisme ne soulèvent peut-être pas les passions, mais ils dictent le développement des villes. Celui de Westmount date de 2001. Près de 20 ans plus tard, l’administration municipale a décidé de lancer un vaste processus de révision pour prendre le virage vert. « La vision antérieure était centrée sur la préservation du patrimoine bâti, explique Tom Flies, directeur du département d’urbanisme. Aujourd’hui, il y a d’autres enjeux, à commencer par les changements climatiques et le vieillissement de la population. » Westmount a tenu une première séance d’information le 29 janvier, et prévoit d’organiser des conférences et des ateliers d’ici la mi-mars pour intéresser les citoyens au projet de refonte des règlements d’urbanisme. Si tout se déroule comme prévu, un plan préliminaire sera déposé dans un an et adopté l’année suivante, après les élections municipales. « Est-ce qu’on devrait permettre, par exemple, les panneaux solaires ? », demande la mairesse de Westmount, Christina M. Smith.

Le transport

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Arrêt d’autobus au coin de la rue Sherbrooke et de l’avenue Lansdowne

La partie basse de Westmount est assez bien desservie par les transports en commun, dans la mesure où les stations de métro et les circuits d’autobus sont à distance de marche. Toutefois, plus haut dans la montagne, l’auto est encore la reine incontestée des rues. « On a deux stations de métro, Vendôme et Atwater, et des autobus, comme les lignes 24, 105 et 90 », énumère la mairesse, qui étudie la possibilité d’augmenter le nombre de trottinettes et de vélos électriques en libre-service pour inciter les gens à délaisser la voiture. La Ville songe aussi à augmenter le nombre de pistes cyclables et à raccorder son réseau à celui de Montréal. Le pourcentage de résidants de Westmount qui utilisent les transports en commun pour se rendre au boulot est de 21,7 %. « Avons-nous besoin de plus de services ? La réponse, c’est oui », dit Mme Smith.

Le commerce

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Westmount n’échappe pas au problème des locaux vacants sur ses artères commerciales.

Westmount n’échappe pas au problème des locaux vacants sur ses artères commerciales. Avenue Greene et rue Sherbrooke, plusieurs espaces sont inoccupés et à louer. Pour remédier à la situation, la Ville prévoit notamment d’interdire toute expansion des zones commerciales et de maintenir le caractère local et varié des boutiques. Elle veut aussi améliorer la circulation piétonne dans ses rues commerciales, comme l’élargissement des trottoirs, et décourager les activités financières et les bureaux au rez-de-chaussée au profit des boutiques et autres commerces de détail ou de services. Mais il est hors de question d’éliminer des cases de stationnement. « Il faut se demander si on a le bon mix et si les règlements actuels sont encore adéquats », souligne la mairesse Smith.

Le vieillissement

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Série de maisons sur l’avenue Hallowell

Autre sujet d’inquiétude : le vieillissement de la population et la diminution du nombre de familles. Toutes proportions gardées, les adultes de 25 à 34 sont beaucoup moins nombreux à Westmount que dans le reste de l’agglomération de Montréal, selon le recensement de 2016. Et la concentration des personnes de 65 ans et plus est particulièrement importante. Il faut savoir que le territoire de Westmount est entièrement construit. La demande pour les maisons et les appartements existants est très forte, ce qui pousse les prix à la hausse. Cette flambée des prix limite le marché des acheteurs à une clientèle fortunée, excluant bien souvent les jeunes familles susceptibles de régénérer la population. « On a tout un enjeu au niveau du logement, admet Tom Flies. Donc, qu’est-ce qu’on fait avec ça ? On a une rareté, mais on a aussi des logements qui sont très chers. On pourrait densifier en douceur sur certains sites, mais il faut tenir compte des impacts sur l’environnement. Après, on peut se demander s’il y a des coins qu’on devrait densifier où le bâti a peut-être moins de valeur et où on est plus proche des axes de transport en commun. »

Le sentiment d’appartenance

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La Ville de Westmount aimerait réduire le nombre de panneaux de signalisation routière et opter pour des modèles « au design plus élégant ».

Pour la mairesse Christina M. Smith, le modèle d’avenir à suivre n’est ni Paris, ni Toronto, ni Montréal. « Ce qui m’inspire, dit-elle, c’est des projets comme celui qu’on a réalisé au coin de l’avenue Prince Albert et de la rue Sherbrooke, où il y avait un stationnement. Maintenant, c’est un espace vert où une soixantaine de personnes vont manger le midi, durant l’été. On veut créer plus de places publiques. » La Ville aimerait aussi réduire le nombre de panneaux de signalisation routière, des « nuisances visuelles », et opter pour des modèles « au design plus élégant ». « Il est très important, pour le sentiment d’appartenance, que le piéton, le cycliste ou l’automobiliste, qu’il soit résidant, travailleur ou visiteur, perçoive qu’il est à Westmount », peut-on lire dans un document municipal. Dans le même ordre d’idées, la Ville prévoit de se doter d’une politique pour améliorer la qualité de ses rues, de ses ruelles et de ses autres espaces publics.

Le territoire

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Quelques commerces de l’avenue Greene

Westmount compte 20 000 habitants et s’étend sur près de 4 km2 sur le flanc ouest du mont Royal, d’où son nom. Les maisons qu’on y trouve sont parmi les plus chères de l’île de Montréal, comme un manoir de l’avenue Roxborough de sept chambres et cinq salles de bain, mis en vente à un prix qui frôle les 18 millions. Selon les données du recensement de 2016, la valeur médiane d’une propriété de Westmount est de 1 200 698 $. À proximité du centre-ville de Montréal, le territoire est divisé en trois secteurs. Il comprend d’immenses manoirs implantés à même des pentes souvent très escarpées au nord de The Boulevard. Entre la rue Sherbrooke et The Boulevard, le secteur est essentiellement résidentiel. Et au sud de la rue Sherbrooke, il est plus densément peuplé et se compose d’immeubles d’appartements, de commerces et de bureaux.