Loin de baisser les bras, des cochers se préparent à défier le règlement interdisant les calèches dans le Vieux-Montréal à partir du 31 décembre. Au lieu de vendre des balades à environ 30 $ la demi-heure, ils entendent offrir gracieusement des tours de calèches tirées par leurs chevaux.

« Le règlement stipule qu’il est interdit d’exercer le commerce. Rien n’indique qu’on ne peut pas offrir des tours gratuitement ou accepter des dons », a expliqué Luc Desparois, surnommé Lucky Luke, joint par La Presse. Le cocher possède une quinzaine de chevaux de calèche.

Le 20 décembre dernier, M. Desparois et l’Association des hommes et femmes à chevaux de Montréal ont essuyé un revers quand la Cour a rejeté une demande d’injonction pour la suspension du règlement. La cause doit revenir devant les tribunaux en janvier 2020. « On n’a pas dit notre dernier mot », a affirmé le cocher Lucky Luke.

Comme à New York

Jeudi midi, un seul cocher continuait à offrir ses services près de la basilique Notre-Dame avec sa jument Maya. Ce dernier, prénommé Philippe, affirme qu’il a l’intention d’être présent jusqu’à la toute dernière minute. Les affaires sont bonnes aux alentours du jour de l’An, dit-il.

« Personne n’a vraiment pris la peine de nous écouter, de comprendre notre industrie, l’univers des chevaux. C’est désolant », dit-il.

Il me semble que Montréal aurait pu prendre exemple sur New York qui a désigné Central Park pour les chevaux, en retrait du trafic. On a eu droit aux pires insultes, à des menaces dans la rue à cause des politiciens.

Philippe, cocher du Vieux-Montréal

Des dons pour Projet Montréal

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on indique qu’aucun autre commentaire ne sera émis. « On a fait valoir nos éléments, il n’y a rien de nouveau à ajouter », a indiqué l’attachée politique Laurence Houde-Roy.

Dans les derniers jours, sur la page Facebook officielle du parti Projet Montréal, on incitait les membres à verser un don à l’organisation politique en se targuant d’avoir tenu la promesse d’interdire les calèches. En quelques heures à peine, les commentaires se multipliaient : « Bravo ! », « Célébrons, je sais qu’ils seront bien traités, ils méritent ce repos ! »

Aussi du lot, plusieurs commentaires critiques, remettant en cause la pertinence du nouveau règlement, avec « un attrait touristique en moins, un patrimoine qui disparaît ». Certains se demandaient pourquoi on ne les autoriserait pas sur le mont Royal, en accord avec les politiques de mobilité durable.

« Projet Montréal mène une campagne de racolage, et pourquoi ? Est-ce que vous allez faire un suivi avec les exploitants pour ne pas que toutes ces belles bêtes finissent à l’abattoir le 2 janvier ? », demandait un internaute.

Peu de temps après, Projet Montréal retirait le lien permettant de verser au parti 5 $, 50 $ ou un maximum de 100 $ par année comme le prévoit la loi sur le financement des partis politiques. En vertu du nouveau règlement, une somme de 1000 $ sera versée pour chaque cheval confié à une pension en partenariat avec la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA).

Jusqu’à maintenant, un seul cocher s’est prévalu de l’offre de la Ville de Montréal.

D’autres ont préféré annoncer leurs chevaux sur le site de petites annonces Kijiji, expliquant qu’il n’y a pas de honte à chercher une meilleure offre que celle de la Ville de Montréal. Selon eux, le prix offert par la Ville est inférieur à celui qu’offrirait une boucherie. À l’arrondissement de Ville-Marie, on a précisé que des inspecteurs seraient présents dans les rues au lendemain de l’entrée en vigueur du règlement. De fortes amendes sont prévues en cas de non-respect de l’interdiction.