L’effet des déchirements internes des dernières années continue de se faire sentir au SPVM. L’ancien directeur adjoint Bernard Lamothe, suspendu 28 mois alors qu’il était visé par une enquête interne qui n’a rien trouvé à lui reprocher, réclame 1,85 million en dommages à la Ville de Montréal en compensation pour sa carrière détruite.

Dans une poursuite déposée à la Cour supérieure, les avocats de M. Lamothe expliquent les conséquences de sa longue suspension et de sa période d’inactivité qui se prolonge à ce jour parce que son organisation n’a pas de poste de son niveau à lui offrir, même s’il a été blanchi.

« Il est un bourreau de travail. Son existence est définie par son emploi pour lequel il a fait d’énormes sacrifices. Toutes ses évaluations de rendement dénotent un niveau performant ou supérieur », écrivent les avocats au sujet de M. Lamothe.

« Il a vécu honte, isolement, peine, anxiété, détresse, humiliation », poursuit la requête.

« Il a vu sa carrière, sa réputation, son honneur détruits », conclut le texte.

Beaucoup de règlements de comptes

L’affaire remonte à 2017. D’anciens policiers avaient témoigné à l’émission JE de TVA et accusé la division des affaires internes de malversations. Dans la foulée du reportage, une équipe mixte dirigée par la Sûreté du Québec avait été chargée de revoir tous les dossiers d’affaires internes de la police de Montréal.

En mars 2017, à la suite d’informations reçues de cette équipe mixte, le SPVM avait suspendu M. Lamothe, le temps de mener une enquête à son sujet. À ce moment, il cumulait 28 années de services et occupait le deuxième échelon dans la hiérarchie du corps policier. La suspension d’un directeur adjoint était une première dans l’histoire de la police de Montréal.

M. Lamothe affirme qu’un des enquêteurs de l’équipe mixte lui a dit que les dossiers révisés comprenaient « beaucoup de règlements de comptes dans un contexte de travail difficile ».

Ce n’est que le 17 juin 2019, 28 mois après sa suspension, que Bernard Lamothe a été avisé qu’il avait été blanchi de tout soupçon, par un appel de l’inspecteur chef responsable des affaires internes, Daniel Dacuhna.

« Celui-ci l’informe qu’il a une bonne nouvelle, que l’enquête est complétée. Il n’y a absolument rien à reprocher à Lamothe, autant au niveau du volet criminel que disciplinaire. Dacuhna ajoute qu’il est un exemple de droiture », lit-on dans la poursuite.

Seul problème, à ce stade, le SPVM n’avait plus de poste de directeur adjoint à combler. Aucun poste équivalent n’était disponible. On a suggéré à M. Lamothe de faire aller ses contacts pour se replacer à la police de Longueuil ou de Laval, voire même d’appliquer sur un poste de directeur adjoint à la police de Thetford Mines.

« À ce jour, cinq mois après qu’il ait été informé qu’il était blanchi de toute accusation, la Ville n’a pas été capable de trouver un poste offrant des responsabilités, pouvoirs, charges de gestion salaire et autres conditions qui soient équivalents à ceux que Lamothe avait auparavant », précise la requête.

Bernard Lamothe réclame 1,75 million en dommages pour lui-même et 100 000 $ additionnels pour sa conjointe.