Le centre de tri des matières recyclables de Longueuil a mis fin à ses activités mardi avant-midi, deux ans avant la fin de son contrat, a appris La Presse.

L’établissement, qui est situé dans l’arrondissement de Saint-Hubert, reçoit le contenu des bacs de récupération des résidents de l’agglomération de Longueuil ainsi que de quelques municipalités régionales de comté (MRC) de la Rive-Sud.

D’immenses amoncellements de matières résiduelles jonchent le site et obstruent les entrées du bâtiment, tandis que des ballots de matières recyclables compactées s’empilent à l’extérieur, a constaté La Presse sur place.

Une employée a déclaré à La Presse que les camions qui effectuent la cueillette des bacs bleus sont détournés depuis tôt mardi matin vers le centre de tri de Châteauguay, qui est également géré par la Compagnie de recyclage de papiers MD.

Les employés présents ont été convoqués à une rencontre avec les ressources humaines de l’entreprise vers midi ; ils en sont ressortis près d’une heure plus tard, certains en pleurs.

« C’est douloureux », a confié à La Presse l’un deux, Rémy Uwamahoro, qui travaillait là depuis cinq mois, confirmant que les employés, qu’il évalue à une quarantaine, venaient d’apprendre leur licenciement.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Les employés quittent après l’annonce de la fermeture du centre de tri des matières recyclables de Longueuil.

La gestion du centre de tri, propriété de l’entreprise Services Matrec, relevait de la Compagnie de recyclage de papiers MD, qui appartient au Groupe TIRU, une filiale de la multinationale française EDF.

« Il a été fermé officiellement dans la dernière heure », a confirmé Bernard More, porte-parole des Services Matrec, joint en matinée par La Presse.

Au siège social de Papiers MD, la direction n’était « pas disponible » pour répondre aux questions de La Presse, a indiqué une réceptionniste, disant ignorer à qui pouvaient s’adresser les journalistes.

Le contrat liant l’agglomération de Longueuil à la Compagnie de recyclage de papiers MD devait se terminer en avril 2021.

L’entreprise avait reçu il y a un an une compensation financière de 4,2 millions de dollars de l’agglomération de Longueuil afin d’éviter la fermeture du centre de tri de Saint-Hubert, dans la foulée de la crise du recyclage et de la chute du prix des matières recyclables sur le marché.

À la recherche d’un plan B

La fermeture du centre de tri découle d’une « situation contractuelle entre deux entreprises privées, Matrec et Papiers MD », respectivement propriétaire et gestionnaire de l’établissement, a déclaré à La Presse Suzanne Roy, mairesse de Sainte-Julie et la préfet de la MRC de Marguerite-D’Youville, dont les matières recyclables été acheminées au centre de tri de Longueuil.

La MRC est toutefois sur le point d’avoir trouvé une solution de rechange, selon Mme Roy.

« Normalement dès [mercredi], notre matière devrait être envoyée dans un autre centre de tri », a-t-elle déclaré, ajoutant que les matières récupérées mardi devraient aussi être traitées.

« Recyc-Québec nous accompagne pour trouver un autre centre de tri, minimiser les impacts », dit-elle, reconnaissant que la solution de rechange pourrait entraîner des coûts supplémentaires pour les municipalités concernées.

C’est le genre de situation qu’on n’apprécie pas vraiment », a-t-elle déclaré, disant avoir été « aux aguets » dans les derniers jours après avoir entendu des rumeurs de fermeture imminente.

De son côté, le cabinet de la mairesse de Longueuil n’a pas répondu aux questions de La Presse.

« On n’émettra pas de commentaire pour le moment », a indiqué Alexandra Lapierre, l’attachée de presse de la mairesse Sylvie Parent, reconnaissant néanmoins le caractère « préoccupant » de la situation.

L’administration municipale devra rapidement trouver une solution de rechange pour l’acheminement des matières collectées chez ses citoyens aujourd’hui et dans les prochains jours.

Même chose pour Services Matrec, qui acheminait au centre de tri de Saint-Hubert les matières recyclables de certains de ses clients privés.

« On va se revirer de bord, on a des solutions pour nos clients », a déclaré M. More, qui exclut toutefois que l’entreprise puisse reprendre la gestion du centre qui lui appartient.

« Pour nous, ce n’est pas possible de reprendre ces installations-là du jour au lendemain, il y a trop d’obstacles contractuels », a-t-il affirmé.

La Ville de Longueuil avait annoncé le mois dernier la construction d’un nouveau centre de tri des matières recyclables, en partenariat public-privé, qui desservira les villes de l’agglomération de Longueuil et celles de cinq municipalités régionales de comté (MRC) de la Rive-Sud.

L’établissement, dont le coût devrait osciller entre 40 et 50 millions de dollars et dont l’échéancier de construction n’est pas établi, sera érigé sur la rue Charles-Normoyle, derrière l’actuel centre de tri.