Montréal mène un projet pilote de stérilisation des chats errants, ouvrant la porte à la création d’une escouade féline. Cette méthode moins cruelle que l’euthanasie a déjà fait ses preuves ailleurs, notamment au Yukon et dans plusieurs villes américaines, afin de réduire la population de chats de ruelle.

Dans les dernières semaines, une saison de trappe bien spéciale s’est ouverte dans les arrondissements de LaSalle, du Sud-Ouest et de Verdun, sous la supervision de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal. Ces arrondissements ont été retenus parce que les chats errants à proximité des cours d’eau, comme le canal de Lachine, sont plus susceptibles de former des colonies.

En un mois et demi, 90 félins errants ont ainsi été stérilisés, vaccinés, vermifugés, selon leurs besoins, avant d’être relâchés dans la nature sous la supervision de ce qu’on pourrait nommer une « catmobile ». Dans les faits, il s’agit d’une roulotte entièrement équipée qui peut s’installer à des endroits stratégiques, dans les stationnements, les parcs, explique-t-on à la SPCA.

« On savait déjà comment réaliser des stérilisations de masse au refuge, mais c’est différent sur le terrain. Ça prenait des bénévoles. On note qu’on a eu de la difficulté à recruter des vétérinaires, il y a pénurie. Mais nous y sommes parvenus. Les études le démontrent, il y a vraiment un impact positif pour la descendance des chats, on évite des euthanasies », explique la directrice de la SPCA, Élise Desaulniers.

Selon des calculs diffusés par l’Ordre des vétérinaires du Québec, il y aurait jusqu’à 524 000 chats reproducteurs vivant au Québec, avec ou sans propriétaire, dont au moins 262 000 femelles.

Errance féline

Nommée à la tête de la société de prévention il y a un peu plus de deux ans, Mme Desaulniers milite auprès de l’administration Plante pour une centralisation d’une portion des services de protection des animaux. Par exemple, il n’y a jamais eu un réel recensement de la population de chats errants à Montréal, explique-t-elle.

« Je voudrais qu’on puisse centraliser le service à Montréal pour pouvoir recenser. En ce moment, c’est arrondissement par arrondissement, morceau par morceau. Un arrondissement va nous donner un budget, pas l’autre. Avec un vrai recensement, on saurait où se déployer à Montréal. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Élise Desaulniers, directrice de la SPCA

Un chat stérilisé, c’est déjà bon. Mais il faudrait une vision globale, une stratégie globale pour tout le territoire.

Élise Desaulniers, directrice de la SPCA

La présidente de l’Ordre des vétérinaires du Québec, Caroline Kilsdonk, voit d’un bon œil le projet pilote. D’autres villes ont emboîté le pas, dont Québec et Granby. Lors d’un entretien avec La Presse, Mme Kilsdonk a souligné que les expériences du passé ont démontré que l’euthanasie n’est pas efficace pour réduire la population de chats.

« Les chats vivent en colonies, là où il y a de la nourriture. Si un territoire est nettoyé d’une colonie, d’autres chats vont venir s’y installer. Il ne faut pas oublier que les chats sont sauvages à l’origine. Ce sont des prédateurs », explique-t-elle.

À la Ville de Montréal, l’attachée de presse au cabinet de la mairesse, Catherine Cadotte, indique que le comité exécutif attend un bilan du projet pilote sur la stérilisation des chats.

« Nous attendons le bilan avant de nous prononcer sur les suites du projet », a-t-elle précisé. Le rapport devrait être disponible à la fin du mois de novembre.

En vertu d’un nouveau règlement, la stérilisation et le micropuçage seront obligatoires pour les chats et les chiens à partir du 1er janvier 2020. Les propriétaires de lapins de plus de 6 mois devront également s’assurer de faire stériliser leur animal avant cette date.

1355 : Nombre de chats qui ont été stérilisés en refuge depuis le début de l’année dans le cadre d’un programme supervisé par la vétérinaire en chef de la SPCA, Gabrielle Carrière. Les chats proviendraient de 308 colonies. La portion la plus importante de chats stérilisés était dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (143), suivie par Saint-Laurent (136), Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (135) et Montréal-Nord (129).