Des dizaines de locataires inquiets se sont rassemblés hier soir
au rez-de-chaussée de leur immeuble de L’Île-des-Sœurs. La veille,
les résidants de 36 des 204 logements avaient reçu avec surprise
un avis de résiliation de bail, après un dégât d’eau majeur.

« Je n’ai pas dormi depuis hier, je ne suis pas allé travailler aujourd’hui », a dit à La Presse Sébastien Gobeil, locataire depuis 9 ans dans l’édifice de 15 étages.

Le 1er octobre dernier, une infiltration d’eau a causé des dégâts importants dans le bâtiment, sur plusieurs étages. « Le deuxième ascenseur, c’était une chute d’eau », a confirmé M. Gobeil. Il n’avait toujours pas été remis en fonction. Hier, de l’eau coulait au rez-de-chaussée, recueillie par un gros conteneur bleu.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Le 1er octobre dernier, une infiltration d’eau a causé des dégâts importants dans le bâtiment sur plusieurs étages.

Peu de dommages étaient visibles chez M. Gobeil : un plancher de bois gondolé, surtout. Mais une infiltration s’est révélée à l’ouverture d’un mur.

Comme plusieurs voisins de différents étages, il a reçu hier une lettre de Structures métropolitaines inc., l’entreprise de gestion de l’immeuble locatif, fournie à La Presse par une autre source. Ayant pour objet « résiliation du bail », la lettre indique que le « logement a été substantiellement détruit par le dégât, de telle façon que cette destruction du logement a causé la résiliation du bail ».

La missive indique aussi la découverte de sources d’amiante, obligeant la réalisation des travaux de démolition sous méthodes de confinement.

Les locataires visés ont un peu plus d’une semaine pour quitter les lieux. La date butoir a été fixée au 27 octobre.

Un retour possible

Malgré l’avis de résiliation de bail, le directeur communautaire de Structures métropolitaines inc., Ronald Lapierre, assure que les locataires qui le désirent pourront réintégrer leur logement à la fin des travaux.

C’est du cas par cas, ce sont des choses qu’on doit discuter
selon les situations. Il y a sûrement des gens qui vont décider de quitter définitivement [leur appartement], d’autres qui vont vouloir revenir.
Mais oui, s’il y a des gens qui veulent revenir, ils vont pouvoir le faire.

Ronald Lapierre, directeur communautaire de Structures métropolitaines inc.

Des résidants présents lors de la soirée organisée hier par les locataires ont dit avoir reçu le même message verbalement après avoir communiqué avec Structures métropolitaines inc., sans avoir de confirmation écrite.

« Je suis allée sur place, et ils m’ont assuré que je pourrais revenir après les travaux et que le montant du bail resterait le même », a confirmé à La Presse une locataire de l’immeuble depuis une quinzaine d’années, qui n’a pas voulu donner son nom.

Or, la peur de devoir déménager pour de bon restait vive parmi les locataires sinistrés.

« J’ai reçu la lettre qui dit qu’ils vont résilier mon bail, et je ne comprends pas, je ne comprends pas comment ils peuvent faire ça », a dit à La Presse Sylvain Pelletier. L’homme de 58 ans avait répondu à l’invitation de ses voisins dans l’immeuble en espérant obtenir des réponses sur les démarches à entreprendre. Il a emménagé dans son logis de L’Île-des-Sœurs la journée même du dégât d’eau, se retrouvant avec des boîtes d’effets imbibées d’eau.

Les résidants des appartements qui n’ont pas été endommagés craignaient eux aussi de devoir évacuer les lieux, inquiétés notamment par la présence d’amiante.

Les locataires ont décidé de former un groupe d’échange d’informations sur l’internet, pour établir une marche à suivre.

« Il va y avoir une suite, c’est sûr », a lancé Sébastien Gobeil.