Des scies mécaniques feront bientôt tomber 40 000 frênes victimes de l’agrile dans six parcs-nature à Montréal, une opération de sécurisation qui coûtera 8,2 millions de dollars. Explications.

Danger potentiel

Environ 40 000 arbres qui sont en train de dépérir ou qui sont morts à cause de l’agrile du frêne seront abattus par des employés de la Ville de Montréal à partir du mois prochain. « Les arbres qui seront abattus sont situés à moins de 30 mètres d’un sentier, d’une habitation ou d’un bâtiment, dit Luc St-Hilaire, ingénieur forestier à la Ville de Montréal. Bref, ils présentent un danger potentiel pour la population, et c’est pour cela qu’on les enlève. Les frênes situés à plus de 30 mètres sont laissés sur place, car ils ne représentent pas de danger. »

4000 terrains de football

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Daniel Pilote, technicien forestier à la Ville de Montréal

La superficie des parcs touchés par cette opération représente 2000 hectares, soit l’équivalent de 4000 terrains de football, note Daniel Pilote, technicien forestier à la Ville de Montréal. « Ça peut paraître beaucoup, mais les frênes représentent de 10 à 25 % des espèces d’arbres dans ces endroits, donc la grande majorité des arbres ne sont pas touchés. » Les travailleurs remplaceront les frênes morts ou dépérissants par de jeunes pousses d’érable à sucre, de bouleau jaune ou de chêne rouge, selon la composition de la forêt.

8,2 millions de dollars

Les opérations se dérouleront au parc-nature du Cap–Saint-Jacques (11 450 arbres abattus), au parc-nature du Bois-de-l’Île-Bizard (7435), au parc-nature du Ruisseau-De Montigny (1494), au parc-nature de la Pointe-aux-Prairies (15 084), au parc-nature de l’Île-de-la-Visitation (2317) et au parc du Mont-Royal (2535). Réalisé au coût de 8,2 millions de dollars, le programme se poursuivra tout l’hiver jusqu’au 31 mars. Les travailleurs prendront une pause durant la période de nidification des oiseaux, et reprendront la coupe en septembre, pour terminer le tout en mars 2021.

La larve qui tue

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C’est en raison de la présence massive de larves de l’agrile du frêne que les arbres doivent être abattus.

C’est en raison de la présence massive de larves de l’agrile du frêne que les arbres doivent être abattus, note Luc St-Hilaire. « Les larves causent des sillons sous l’écorce, ce qui empêche la sève de monter à la cime de l’arbre. C’est pour cela qu’une cime qui dépérit est la première indication que l’arbre est affecté. » Fait intéressant : les pics sont friands de larves de l’agrile du frêne et n’hésitent pas à arracher l’écorce pour aller les trouver. « On voit souvent des plaques sur les frênes dépérissants qui témoignent du passage de pics. » L’agrile n’affecte que la partie de l’arbre située près de l’écorce : l’intérieur de l’arbre dépérissant est généralement sain.

Des planches en quantité

Que fait-on de ces arbres abattus ? Les plus petits sont déchiquetés sur place, tandis que les arbres de bonne taille sont envoyés au Complexe environnemental de Saint-Michel (CESM), où ils sont transformés en planches. La majorité des planches seront ensuite utilisées par la Ville de Montréal dans divers projets, comme pour réaliser des bacs à fleurs ou encore des constructions plus importantes, comme le Café suspendu du mont Royal, installé durant l’été au belvédère Camillien-Houde. « Les planches de frêne sont aussi bonnes pour construire des meubles, ou encore des planchers, notamment des planchers de gymnase, car elles ont de bonnes propriétés insonorisantes », note M. St-Hilaire.