« Il n’est pas question qu’on attende, cette conduite est trop importante. » La mairesse Valérie Plante a expliqué ce matin pourquoi la Ville de Montréal doit entreprendre d’urgence des travaux d’urgence sur la principale conduite alimentant les Montréalais en eau potable.

Une inspection récente y a décelé une importante faiblesse, ce qui a obligé la Ville à cesser de l’utiliser pour éviter un bris qui menace d’inonder le quartier de la Petite-Bourgogne ainsi que l’autoroute Ville-Marie.

La métropole a effectué au printemps l’auscultation de cette conduite de 2,1 mètres de diamètre jugée « stratégique ». Elle alimente en eau potable pas moins de 1,2 million de Montréalais, soit plus de la moitié de la population de l’île.

L’inspection a révélé un problème majeur, soit un « état de dégradation avancé sur près de 40 % de la longueur », indique un document remis aux élus. Après avoir reçu les résultats de l’auscultation, Montréal a décidé à la mi-juillet de mettre la conduite hors service, « afin d’éviter tout éclatement, lequel pourrait inonder un secteur de la Petite-Bourgogne et, possiblement, l’autoroute Ville-Marie ». La conduite est en effet située en bordure de l’autoroute, entre l’avenue Atwater et la rue Guy.

Valérie Plante a salué le travail des employés, qui ont ainsi permis d’éviter le pire. « Je suis fière que le service de l’eau ait découvert les problèmes sur cette giga conduite ». Elle a souligné que ces travaux permettront de limiter les coûts de la réparation. La facture est évaluée pour l’instant à 25 millions, mais elle aurait été nettement plus élevée en cas de bris.

Les élus montréalais ont été convoqués cet après-midi à une réunion d’urgence afin de voter deux contrats pour entreprendre la réparation de la conduite défectueuse dans les plus brefs délais. Les mesures temporaires pour assurer l’alimentation en eau potable des 1,2 million de Montréalais ainsi que la réparation durable de la conduite risquent de coûter 25 millions, selon les premières évaluations.

Course contre la montre

C’est une véritable course contre la montre qui s’opère : la Ville désire réparer la conduite avant l’été prochain, alors que la demande en eau sera la plus forte. Pour l’instant, la fin des travaux est prévue au printemps.

Depuis la fermeture de la conduite, Montréal utilise trois plus petites conduites, de 1,2 mètre de diamètre chacune. Or, celles-ci sont « sollicitées au-delà de leur capacité. La situation actuelle ne peut donc se poursuivre sur une plus longue période ».

« De tels impératifs ne permettent malheureusement pas de respecter les délais normaux inhérents au processus d’octroi de contrat par les instances. Pour ces raisons évidentes, le Service de l’eau recommande l’octroi de ce premier contrat le plus tôt possible, afin de garantir une complétion de l’ensemble des travaux d’ici juin 2020 », peut-on lire dans les documents remis aux élus.

Montréal a demandé et obtenu la permission de passer outre aux délais normaux d’attribution des contrats, étant donné l’urgence de la situation.

Les élus seront ainsi appelés à voter aujourd’hui un contrat de 7,5 millions à l’entreprise Michaudville. Selon le directeur des communications du cabinet de la mairesse, Youssef Amane, la réunion d’urgence a été convoquée afin d’accélérer le processus et de permettre aux travaux de débuter le plus rapidement possible. Celui-ci indique au passage que les travaux n’auront aucun impact sur l’approvisionnement en eau potable des Montréalais.

Les travaux consistent à mettre en place une conduite temporaire de déviation de 75 cm et de réhabiliter une conduite de même diamètre déjà en place sous la rue Saint-Antoine, entre l’avenue Atwater et la rue Guy. Le chantier devrait s’ouvrir demain, soit une fois les contrats attribués. La première étape devrait durer 60 jours.

En raison de l’urgence, l’entrepreneur sera autorisé à travailler sept jours sur sept, de 7 h à 22 h.

La circulation sera lourdement compromise dans la rue Saint-Antoine. Trois des quatre voies seront fermées entre Atwater et Guy.

Les élus seront convoqués à une autre rencontre le 5 décembre pour voter un nouveau contrat afin de réparer durablement la conduite de 2,1 mètres aujourd’hui hors service.

En plus de ces travaux, Montréal doit en parallèle demander à Bell de déplacer certaines de ses installations aménagées directement au-dessus de la conduite défectueuse. Il en coûtera 1,1 million.

— Avec Pierre-André Normandin, La Presse