(Montréal) Les chauffeurs et propriétaires de taxis ne décolèrent pas.

Réunis à Laval, lundi, quelques centaines d’entre eux provenant de plusieurs régions du Québec ont à nouveau crié à l’injustice, à la veille du début de l’étude détaillée du projet de loi 17 à l’Assemblée nationale.

Quelques dizaines d’entre eux se sont ensuite rendus à l’aéroport international de Montréal, à Dorval, où ils ont sérieusement perturbé la circulation.

Le projet de loi sur le transport des personnes rémunérées ouvre la porte aux nouveaux joueurs que sont les Uber, Lyft et autres services de transport qui ne détiennent pas de permis de taxi.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Une femme peine à transporter ses bagages vers le terminal, l'accès étant bloqué par les manifestants.

Les membres de l’industrie du taxi réclament toujours la pleine compensation pour les pertes associées à l’effondrement de la valeur des permis de taxi, pertes qui s’élèvent à plusieurs dizaines de milliers de dollars en région et à quelques centaines de milliers de dollars dans les grands centres urbains.

« Le ministre des Transports (François Bonnardel) veut nous exproprier, a soutenu leur porte-parole, Hassan Kattoua, en entrevue avec La Presse canadienne. Sans gestion de l’offre, on ne sera pas capables de générer des revenus décents. »

Ils réclament également des conditions d’exercice équivalentes entre les chauffeurs de taxi traditionnels et ceux issus des nouveaux modèles, notamment sur les classes de permis de conduire, les assurances, les catégories de voiture, leur âge et ainsi de suite.

Pour conduire un taxi, un permis de classe 4-C est obligatoire. Ce type de permis implique une vérification des antécédents judiciaires, un examen théorique, un examen médical et un examen de la vue. Pour les nouveaux joueurs, le permis de conduire de classe 5, celui que possèdent tous les conducteurs automobiles, sera suffisant.

Le choix de l’aéroport pour la manifestation n’était pas anodin : pour les chauffeurs de taxi traditionnels, le droit de desservir l’aéroport est octroyé par tirage au sort et il en coûte entre 100 $ et 200 $ pour y participer, selon le type de voiture. Les gagnants sont également tenus d’avoir certains types de voitures dont le coût d’achat est supérieur à la moyenne ; ces voitures doivent aussi arborer la signature « bonjour », autant d’exigences qui ne sont pas imposées aux chauffeurs de nouveaux services.

« Ils laissent Uber entrer et desservir l’aéroport avec n’importe quelle voiture, sans code vestimentaire, sans image de marque, sans rien. Ce n’est pas normal, pas normal du tout d’avoir ces deux poids deux mesures. Tout le monde doit jouer selon les mêmes règles », s’emporte M. Kattoua.

La manifestation, « c’était spontané, ce n’était pas planifié. Pour le moment, c’est terminé, mais on va continuer les moyens de pression », promet-il.