Malgré la nouvelle configuration de la voie Camillien-Houde, sur le mont Royal, les automobilistes sont encore nombreux à faire des gestes dangereux au volant.

Des signaleurs dépêchés sur les lieux au cours des dernières semaines constatent que des contrevenants continuent d’ignorer leur présence ainsi que celle de feux de signalisation installés il y a un mois, au risque de causer des collisions frontales.

Le printemps dernier, la Ville de Montréal a annoncé la mise en place d’un système de circulation en alternance entre le belvédère Camillien-Houde et le sommet de la montagne. Des feux temporaires ont donc été installés aux deux endroits pour permettre aux voitures d’emprunter, dans un sens à la fois, le virage accidenté dans cette zone où la voie est particulièrement étroite et l’accotement, quasi inexistant.

Il y a quelques semaines, les médias de Québecor ont pris sur le vif des automobilistes qui ignoraient les feux rouges et se retrouvaient face à face avec une queue de véhicules arrivant en sens inverse.

Faisant le même constat, la Société de transport de Montréal (STM) a elle aussi signalé sa « préoccupation » à la Ville. Le 20 juin, la municipalité a donc ajouté des signaleurs qui s’assurent que les véhicules s’arrêtent aux feux rouges. Dans un courriel, un porte-parole de la STM nous a écrit que ces mesures « semblent avoir porté leurs fruits ».

Or, sur place, les signaleurs sont loin de tirer la même conclusion.

« Les gens passent quand même »

La Presse s’est entretenue avec trois signaleurs plus tôt cette semaine. Ceux-ci n’ont pas souhaité être nommés dans le cadre de ce reportage.

Malgré des uniformes très voyants, des automobilistes continuent à les ignorer et accélèrent aux feux rouges. La situation serait particulièrement problématique le soir et les fins de semaine.

« J’ai beau brandir un drapeau, les gens passent quand même », constate l’un des signaleurs, qui a vu 16 véhicules passer tout droit pendant ses quarts de travail du dernier week-end. « Et ça, c’était de jour seulement », prend-il soin de préciser. Les signaleurs sont en poste de 6 h 30 à 0 h 30.

La seule méthode qui marche vraiment [pour arrêter les véhicules], c’est de marcher sur la chaussée et d’utiliser notre corps comme barrière.

Un signaleur en fonction sur la voie Camillien-Houde

Selon les trois signaleurs, il n’est pas rare non plus qu’un véhicule ralentisse à l’extrême au milieu de l’ascension à sens unique, ou encore qu’il s’arrête carrément pour regarder le paysage : invariablement, la circulation reprend dans l’autre direction et la voiture fautive se retrouve face au trafic.

« Nette amélioration », dit la Ville

Invitée à commenter ces observations, une porte-parole de la Ville nous a simplement écrit dans un courriel avoir constaté « une nette amélioration » depuis que des signaleurs ont été embauchés.

« La Ville continue de monitorer la situation. Des ajustements seront apportés s’il y a lieu », poursuit-elle.

En vigueur depuis le 14 juin, le système de circulation en alternance sur Camillien-Houde est au nombre des mesures instaurées par la Ville à la suite de consultations publiques au sujet de l’interdiction de la circulation de transit sur le mont Royal. Cette interdiction a finalement été abandonnée après un projet pilote mené l’été dernier.

La Ville a également procédé à l’installation de dos d’âne et de 480 bollards, notamment au milieu de la chaussée, afin de sécuriser le secteur et d’empêcher les automobilistes de changer de voie ou de faire demi-tour. Ces ajouts font écho à la mort du cycliste Clément Ouimet en 2017. Le jeune homme avait frappé de plein fouet un véhicule qui avait amorcé un virage en U sans crier gare au milieu de la côte. Le cycliste n’avait eu aucune chance.

En juin 2018, et encore le printemps dernier, La Presse avait constaté que plusieurs automobilistes faisaient toujours des demi-tours dangereux dans ce secteur.

Le Service de police de la Ville de Montréal n’a pas été en mesure de nous indiquer si des accidents avaient été rapportés sur la voie Camillien-Houde depuis l’instauration des nouvelles mesures de sécurité, le 14 juin dernier.