Au moins 110 ménages montréalais n’avaient toujours pas trouvé de toit, hier, à trois jours de la traditionnelle journée de déménagement du 1er juillet.

Si la Ville assure que chaque famille aura un hébergement d’urgence, elle ne dit pas aux personnes concernées ou aux médias si ce sera dans un hôtel, un motel ou un centre communautaire.

Des 110 ménages toujours à la recherche d’un logement, 48 sont considérés comme étant à faible revenu. Ils sont accompagnés par l’Office municipal d’habitation. Les autres se font remettre des listes de logements disponibles en théorie, mais souvent trop chers pour eux ou dont les propriétaires refusent les familles avec enfants, dit Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

Le FRAPRU a à la fois de bons mots et des critiques à l’égard de la Ville de Montréal. Certes, dit Mme Laflamme, la Ville a accompagné beaucoup de personnes, mais de nombreuses autres sont laissées à elles-mêmes. 

Quand ils appellent pour savoir où ils seront logés, les gens sont laissés dans l’incertitude et se font dire de rappeler lundi.

Véronique Laflamme, du FRAPRU

Ce n’est pas qu’ils ne cherchent pas, précise Mme Laflamme, qui explique que beaucoup le font depuis des mois. « Le taux d’inoccupation pour la région montréalaise est le plus bas depuis 14 ans », fait-elle remarquer.

Il est de 1,9 % à Montréal, mais il dégringole à 0,8 % pour les logis plus grands, indique Philippe Sabourin, porte-parole administratif de la Ville de Montréal.

S’il assure que tout le monde aura un toit lundi, il a dit en entrevue hier ne pas pouvoir préciser où.

Une bonne partie des problèmes serait réglée, selon le FRAPRU, si les mesures mises en place par Québec avaient été annoncées plus tôt. Comme les suppléments d’urgence au loyer n’ont pas encore été envoyés, les propriétaires sont frileux à l’idée de louer à des gens au budget incertain. « Ces suppléments, s’ils étaient arrivés plus tôt, auraient permis, à mon avis, de signer beaucoup de baux », dit Mme Laflamme.

Pas juste à Montréal

Montréal n’est pas le seul endroit où la situation du logement est difficile.

Rouyn-Noranda et Gatineau affichent tous deux des taux de 1,2 % d’inoccupation.

Très durement frappé ces dernières années – des inondations en 2017 et 2019, une tornade en septembre 2018 –, Gatineau présente un taux d’inoccupation de moins de 1 %, et de nombreuses familles y résident encore dans des motels ou des hôtels.

Mais là-bas, on retient son souffle. C’est autour de la rentrée scolaire – de la mi-août au début de septembre – que les déménagements sont le plus nombreux, indique Maude Marquis-Bissonnette, la conseillère municipale responsable du logement.

À Sherbrooke, selon l’Office municipal d’habitation, une vingtaine de ménages n’auraient toujours pas trouvé à se loger, écrivait hier matin La Voix de l’Est.

Le FRAPRU évalue qu’à l’échelle du Québec, quelque 200 ménages cherchent toujours un appartement. Il est possible que leur nombre soit plus élevé, tous ne se manifestant pas nécessairement auprès de groupes communautaires ou auprès de leur municipalité.

À Montréal, les personnes toujours à la recherche d’un appartement peuvent obtenir de l’aide auprès de l’Office municipal d’habitation en téléphonant au 514 868-4002. Le service est aussi offert en fin de semaine.